Orthographe. 57 interactions. 193 QCM.

L'orthographe ne concerne pas la langue orale. Mais quel est l'aspect de la langue qui est le plus important? L'oral ou l'écrit?
Réaction 1


L'oral est premier mais il est fugace. Comment savoir, par exemple, si le u latin était prononcé comme dans du, huit, ou Loulou? On en est réduit à des conjectures comme le cri du coucou ou l'origine de notre y (V. plus loin.) Si les technologies de l'audio-visuel avaient été inventées avant l'écriture, l'oral aurait été enregistré plutôt que transcrit et l'écriture n'aurait jamais existé, ou bien elle n'aurait pas eu l'importance qu'elle a, et qu'elle n'est pas près de perdre (communication par internet).

Historiquement, le passage à l'écrit est, pour une langue, l'étape décisive. La graphie a détaché les langues de leur lien à l'interlocuteur dans l'acte de la communication. Elle leur a conféré un statut précis, plus universel, plus durable, identique pour tous, exportable. L'administration et la législation s'appuient sur l'écrit. Il sert également de preuve (traité, diplôme, facture, formulaire, signature). L'État moderne, la mondialisation existeraient-ils sans l'écriture? Et la linguistique? La langue écrite est plus facile à examiner et à étudier que la langue orale, qui demande un laboratoire. Même le mot de grammaire n'est autre, étymologiquement, que celui de science des lettres de l'alphabet (gramma).

Trouvez-vous normal qu'en français, on attache à la dictée et à l'orthographe une importance plus grande que dans les autres langues?
Réaction 2


On peut comprendre une certaine priorité de l'orthographe parce que c'est la première chose qu'on doit apprendre, à l'école primaire, et parce que c'est le plus visible des aspects de la langue (et que notre culture donne la priorité au visible). Il faut remarquer cependant que les malentendus de la communication viennent moins souvent des fautes d'orthographe que du vocabulaire et de la syntaxe.

Tout le monde voudrait voir l'orthographe simplifiée. Il y a en français une excessive diversité orthographique et très peu de règles. C'est ce qui cause la difficulté des dictées. L'idéal serait de n'avoir qu'un son par signe et un signe par son, comme dans l'alphabet phonétique international (A.P.I. Voir notamment http://fr.wikipedia.org/wiki/Alphabet_phon%C3%A9tique_inter national ou http://bbouillon.free.fr/univ/ling/Fichiers/phon/api.htm). Encore faudrait-il que la prononciation soit partout la même, ce qui n'est nullement le cas, et qu'elle évolue parallèlement partout en francophonie, ce qui est impossible.

Actuellement, il y a tant de particularités orthographiques qu'on ne peut semble-t-il jamais en voir la fin. Les adultes les mieux préparés restent d'éternels candidats aux épreuves de dictée. Sans compter les années d'école perdues à retenir des détails de pure forme. Chacun reste persuadé que (par sa faute!) il ne maîtrisera jamais cet aspect du français... tandis que le marxisme y a vu un moyen d'oppression sociale.

Nous tenterons, en accordant moins de place à l'orthographe qu'aux autres aspects du français, de rétablir les priorités. Nous partirons de là mais cela ne veut pas dire que c'est le plus important : au contraire.

L'Alphabet.

Une langue est faite de sons. Les lettres sont des signes graphiques permettant d'écrire les phonèmes (les sons qui présentent des différences significatives; ex. bon/pont). En principe, ce qu'on écrit, ce sont les sonorités perçues. En pratique, ce sont les combinaisons de lettres mémorisées comme caractéristiques pour chaque mot (caoutchouc / cas où d'chou / K août' choux). On comprend plus vite l'écrit que le parlé et on prononce les mots indépendamment de leur graphie. La prononciation est moins importante que l'orthographe. Elle se voit moins souvent corrigée.

Les lettres d'une langue sont rangées dans un ordre qui remonte aux origines des langues (en grec : alpha, béta... d'où le mot alphabet). Cet ordre permet de faire des listes de mots, des annuaires, des dictionnaires, des index. Combien y a-t-il de lettres en français? Pouvez-vous les écrire ici dans l'ordre?
Réaction 3


ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ = 26. Ces vingt-six lettres transcrivent-elle bien 26 phonèmes? Ou bien est-on obligé de combiner, parfois, plusieurs lettres, pour un seul phonème? Prononcez à haute voix "un beau grand phare". Combien de lettres pour combien de phonèmes?
Réaction 4


Seize lettres mais seulement neuf voyelles et consonnes. Il n'en était pas ainsi autrefois. Le latin avait 20 lettres, prononcées chacune de façon distincte : ABCDEFGHIKLMNOPQRSTV

Le français a conservé les vingt lettres de l'alphabet latin classique, mais il est loin d'en être resté aux phonèmes qu'elles transcrivaient. Lors de la conquête d'Athènes par Sylla en -86, la langue des démocraties est introduite à Rome (les patriciens prenaient des rhéteurs comme précepteurs pour leurs enfants). Certains mots grecs, les plus prestigieux, s'implantent dans la langue latine, avec des sons que celle-ci ne connaissait pas encore. Trois lettres viennent s'ajouter (à la fin de la série) : x, y, z. Il s'agit de transcrire le ksi, , l'upsilon, , et le dzéta, . Voilà pourquoi ces trois dernières lettres, si importantes en algèbre, où elles désignent des inconnues, sont les trois dernières dans notre alphabet alors qu'elles n'étaient pas les dernières dans l'alphabet grec (il se clôt sur , oméga).

Voyons de plus près ce que provoquera ensuite, dans le français l'invasion (culturelle) de
Il faut voir, dans la cathédrale, un admirable tr__pt__que.
1 i, i
2 i, y
3 y, i
4 y, y


L'expérimentation de cette QCM a donné les résultats suivants :
Rép. % Niveau
2 46 +2.86
3 24 -1.52
1 22 -4.93
- 08 00.00


La moitié (46%) des cégépiennes et des cégépiens ne s'y trompent pas et choisissent la réponse 2 (un seul y, en seconde position). L'influence de la racine tri a pu les aider car leur niveau est des plus élevé (+2.86). Cf. Tricycle. De kuklos, "roue". Ne trouvez-vous pas que l'on aurait pu garder la lettre u plutôt que de prolonger vers le bas son second jambage, puisque ce y, qui ne fait que provoquer des fautes, n'était pas un i?
Réaction 5


Impossible. Le u était une autre voyelle (V. plus loin).

Exercices. I, p.24, q.4 à 8; II, p.21, q.1 à 11; III, p.1, .5-7.

Pour le théâtre du Moyen Âge, il existe une excellente c__restomat__ie.
1 h, h
2 h, (Rien)
3 (Rien), h
4 (Autre chose)
Rép. % Niveau
1 19 +2.78
- 02 +2.45
2 44 -2.04
4 15 -3.78
3 15 -8.15
+ 05 00.00


Dix-neuf pour cent des étudiantes et des étudiants, les plus habiles (niveau +2.78 écarts-types), trouvent la solution : ch (prononcé k) et th (prononcé s). La majorité, 44%, préférerait un seul h, celui du début (réponse 2). Le dernier 5% pensent que ce mot ne sert à rien (réponse +, soit un rejet de la question).

C'est un mot grec, comme il y en a tant en français. Il conserve à nos yeux et à nos oreilles son allure étrange, malgré ses vingt siècles d'âge... Il vient de (chrêstos): "utile" et (man'tanein'): "apprendre". Une chrestomathie est un recueil de choses utiles à apprendre. Il faut reconnaître que sa fréquence d'emploi est aujourd'hui réduite (4 occurrences au Trésor de la langue française; contre 11 à son équivalent d'origine latine, florilège, et 115 à anthologie). Le mot chrestomathie ne joue, dans notre lexique, qu'un rôle secondaire; il sert d'appoint synonymique. Un lettré connu y eut recours au XVIIe siècle. Il ne passa dans la langue qu'au XIXe. C'est ce qu'on appelle un mot savant, mais il nous parvient par l'intermédiaire du latin car c'est le titre d'un ouvrage de Proclus. On peut y vérifier le traitement du (khi) et du (théta), sons pour lesquels le français n'a pas de signe, en sorte qu'il faut recourir à un digramme, une lettre double, comme le ch pour /ch/ et le ph pour /f/.

Cette particularité importée viendra en conflit au 13e siècle avec un autre ch, provenant du c latin devant a devenu e (caballum - cheval). Du grec nous sont venus xyz, th et un ch dur. Ce dernier vient du xhi, , qui fut assimilé au c (dur) et assorti d'un h pour marquer l'aspiration qui le distinguait du cappa, . Le cappa, ancêtre de notre k, avait son équivalent latin dans la lettre c (Caecilia, notre Cécile, était prononcé Kaékilia). Il y a donc deux prononciations pour le digramme ch suivant qu'il se relie directement au grec (un k aspiré) ou qu'il transite par le latin (la consonne chuintante sourde). Comparer archéologie et architecte.

Exercices. I, p.14, q.7; II, p.6, q.7 et 9; III, p.1, q.2 et 3.

Y a-t-il d'autres lettres ajoutées par le français à celles de l'alphabet latin? Lesquelles?
Réaction 6


Il arriva que ce c dur commença à s'adoucir : s devant les voyelles antérieures fermées : i et é (Cécile...) Pour conserver au c sa forme dure, le latin introduisit le cappa grec dans son alphabet, sous sa forme grecque, qui est devenue notre k.

Les mots avec k ne sont pas si nombreux ni tous si anciens. La plupart ont été empruntés aux langues germaniques, slaves, sémitiques ou orientales. Lesquels connaissez-vous, dans cette liste ou en dehors d'elle?


aïkido, akène, anorak, baklava, baraka, basket, batik, bazooka, beatnik, beurk,
bifteck, bikini, black, bock, break, breaker, brick, broker, bunker, buzuki, cake,
chapka, chapska, cheik, cheikh, chinook, cocker, cockney, coke, cokéfier, cokerie,
colback, cookie, crack, cracker, cricket, derrick, diktat, dock, docker, drakkar,
drink, enkysté, eskimo, eurêka, fakir, folk, folkeux(se), folklo, funky, gimmick,
ginkgo, irakien(ne), jackpot, jockey, joker, judoka, jukebox, junk, junkie, lakiste,
lambick, linkage, look, loukoum, mameluk, mark, mazurka, mikado, moka, monoski,
moujik, moukère, nickel, okapi, okoumé, ouzbek, pack, package, paddock, paprika,
parka, parking, pékan, pékin, pekiné(e), pickles, poker, polka, punk, quaker, quark,
rack, racket, remake, rikiki, rock, rocker, rocket, rockeur(se), saké, sakieh,
schako, shaker, shako, sikh, sirtaki, sketch, ski, skiable, skier, skieur, skieuse,
skif, skip, skipper(verbe), skydome, smoking, snack, souk, soukkot, sovkhoz,
speaker, steak, stick, sticker, stock, stocker (verbe), stoker, stuka, tank, tanka,
teck, teckel, téléski, ticket, tokamak, tonka, troïka, uzbek, valkyrie, véloski,
viking, vodka, volapük, walkman, week-end, whiskey, whisky, wok, yack, yankee.

Réaction 7
On pourrait ajouter tous les mots du dictionnaire à la lettre k.

Cette nouvelle lettre fut ajoutée à la liste alphabétique à la suite du j, autre nouvelle conquête. Le j suit le i, dont il est un allongement du jambage. Il s'agissait comme pour le u grec de marquer un son nouveau : l'ouverture du g devant les voyelles antérieures fermées, e et i (geline, gibet). Ce glissement de prononciation a entraîné toutes sortes de complications dont la solution fut la cédille et le u après le g (Il en sera question plus amplement sans tarder).

Ajoutons le v, qui n'était en latin que la majuscule du u et donc une voyelle, et le w, considéré encore au XIXe siècle comme un redoublement de la lettre v, bien qu'il représente la semi-consonne intermédiaire à u et à v. Il est vrai que, mis à part les quelques emprunts aux langues germaniques (what, week-end, whisky, wallon, mais wagon est prononcé v) ce phonème s'écrit comme une voyelle (ou dans le mot ouate, mais encore oi puisque que ce digramme est devenu /wa/). Avec x, y, z, et k, j, v ajoutés aux vingt lettres du latin, nous avons tout l'alphabet du français. Mais cela veut-il dire que le français se contente de vingt-six sons, de 26 phonèmes?
Un code de transcription idéal propose un son par lettre, et une lettre par son. Où trouve-t-on un tel code?
1 En français.
2 En anglais.
3 En latin
4 (Autre chose)
Réaction 8


Cet héritage est un lit de Procuste. En se cantonnant scrupuleusement dans l'alphabet du latin, au lieu de s'adapter à une évolution phonétique très riche (sous l'influence du gaulois), le français a été contraint à toutes sortes de contorsions, combinaisons et complications.

Le système graphique et les sonorités réelles.

D'autres influences que le grec ont-elles joué? Le gaulois? L'arabe? L'italien? L'espagnol?
Après avoir décrit les sons de nombreuses langues selon leur mode de production par l'appareil phonatoire, ________ présente un signe graphique pour chaque son.
1 l'espéranto
2 l'ensemble des langues indo-européennes
3 l'ancien français (langue écrite)
4 (Autre chose)
Réaction 9


Le gaulois dans les noms de lieu (aussi : orteil), l'arabe pour les chiffres, l'italien pour la musique; surtout l'anglais, aujourd'hui... Et c'est l'occasion de souligner le caractère purement occasionnel des acquis les plus solides de la culture. Chaque génération s'arrange de sa situation présente et en tire un système qu'elle adapte à ses besoins. Belle entreprise pour les linguistes : refaire l'historique de l'évolution des systèmes, région par région, décennie par décennie, en conjuguant approche structurale et approche historique. Qu'est-ce que le français? «Notre langue n'est autre chose que du latin, parlé par des Gaulois, qui a évolué au cours des siècles. On a pu dire que le français était du latin "prolongé à l'état vivant"» écrit fort justement Charles Bruneau (Petite Histoire de la langue française, t.1, p.3). Et Proust renchérit : «Ces mots français que nous sommes si fiers de prononcer exactement ne sont eux-mêmes que des cuirs faits par des bouches gauloises qui prononçaient de travers le latin ou le saxon, notre langue n'étant que la prononciation défectueuse de quelques autres» (À la recherche du temps perdu, t.9, p.176).

Ceci est particulièrement visible en ce qui concerne les voyelles du français. À propos, savez-vous combien il y a de voyelles, en français?
Réaction 10


Elles ne sont que cinq, a, e, i, o, u, dans la graphie; en effet, elles n'étaient que cinq, phonétiquement, en latin. Le y s'y est adjoint vers -50 parce qu'il a fallu un signe pour le son que nous écrivons u. Car ce que les Romains écrivaient u était notre ou (exemple: cuculus, prononcé koukoulous puisque c'est le cri du coucou et que les coucous, sans doute, ne devait pas chanter cucu, en ce temps-là). Rappelons que la forme du y n'est autre que celle du u avec prolongation du dernier jambage, comme le j par rapport au i. L'upsilon grec, qui se trouve notamment dans (prononcer phusis), la "nature", est devenu y (prononcé u grec par les Romains dans leur alphabet). Ce n'est que beaucoup plus tard que cet u est passé à i en français. Or, à ce moment-là, collision : y et i se sont mis à faire double emploi et le y est devenu superflu (sauf comme vestige historique).

Par ailleurs, l'évolution phonétique a multiplié les nuances vocaliques et il a manqué plusieurs lettres pour la transcription des voyelles. Le français d'aujourd'hui ne possède pas moins de seize voyelles sonores bien distinctes, alors qu'il ne dispose toujours que des cinq lettres des voyelles de la grammaire latine pour les écrire. Heureusement, nous avons moins de consonnes que l'arabe et la cohérence actuelle de leur graphie est moins compromise par l'héritage du latin que celle des voyelles. Des cinq voyelles latines, a, e, i, o, u (dont on suppose encore trop souvent dans les écoles qu'elles forment aussi, en ajoutant y, l'effectif du français), il a été tiré de quoi noter jusqu'à seize sons essentiels et significativement distincts. Ai-je dit seize? Couramment employés? Mais lesquels? Combien utilisez-vous, vous, de sons vocaliques dont les oppositions forment des mots distincts?
Réaction 11


Le e, qui, comme en italien moderne, correspondait à tout ce qui peut se dire entre é et è, s'est divisé en deux et même en trois sons français: il sert à noter le e sourd, souvent muet, qui est tout ce qui reste du a final latin (lequel a été la seule voyelle finale à se maintenir en ancien français). Les autres e (dits "masculins" puisque le e sourd était féminin) auraient dû recevoir au moins un accent mais ils sont restés sans marques graphiques de leur spécificité (/é/, /è/) pendant tout le Moyen Âge. Il y eut quelques tentatives pour arriver à les écrire spécifiquement, par exemple de les faire suivre d'un s ou d'un z, par analogie avec les articles ou la conjugaison, mais ces tentatives timides ne faisaient qu'ajouter à la confusion. Les accents aigu et grave ont été introduits progressivement aux XVIe et XVIIe siècles, mais seulement là où ils étaient le plus nécessaires, en syllabe ouverte (pas devant une consonne qui appartiendrait à la syllabe, car on savait que dans cette position il fallait dire /é/).

Le u latin, prononcé ou, est passé à u : pas à cause du u grec, qui s'assimila en devenant i, mais par l'adoption d'une série de voyelles typique des langues celtiques, les antérieures labiales. (É, è, i est une série antérieure non labiale et ò, ó, ou, une série postérieure labiale.) Notre u s'accompagne, en effet, de deux autres voyelles tout aussi inédites, notées eu toutes les deux mais prononcées comme dans beurre et eux.

Qu'auriez-vous proposé si vous aviez vécu dans le haut Moyen Âge, pour noter ces deux sons?
Un grand éditeur publie: le Sieur Dieu (roman). Le premier eu se prononce comme dans ______.
1 Monsieur
2 meilleur
3 (Au choix mais de préférence 1)
4 (Au choix mais de préférence 2)
Réaction 12


Ces deux timbres intermédiaires, dits "ouvert" et "fermé", ont la même aperture que les antérieures non labiales è et é, respectivement. Il était plus difficile de leur mettre aussi un accent, car c'était des digrammes... Les langues germaniques et celtiques se servent d'un o traversé d'un trait oblique (ø) ou du digramme soudé o + e (œ). Cela lui suffit car il confond nos deux eu (comme les Italiens et les méridionaux ne font pas l'opposition entre é et è).

Dans les voyelles postérieures (voir le tableau des voyelles) on trouve aussi, entre les deux extrêmes (a grave et ou), deux timbres intermédiaires: o et au (porte et peau). Là encore, on aurait pu recourir aux accents grave et aigu, ò et ó. Cela aurait débouché sur un système plus régulier mais il aurait fallu se donner tant soit peu de liberté avec l'étymologie, et au bénéfice de quoi? Une langue "vulgaire", ce qui voulait dire celle des occasions ordinaires, par opposition au latin, langue internationale des savants. Avant la Révolution française, le français était seulement la langue du peuple.

Si l'on ajoute les quatre voyelles nasales (an, in, on, un) et qu'on observe qu'il y a un a postérieur (pâte) et un a antérieur (patte), cela fait bien seize sons pour seulement cinq signes...

Leur transcription doit donc se réaliser à l'aide d'accents (è, é) ou en les combinant avec d'autres signes (les digrammes comme eu, an). Ces combinaisons provoquent des équivoques (gageure, enorgueillir).

Avez-vous l'impression qu'une des chances qui a le plus manqué au français est de restructurer sa prononciation ou de restructurer ses graphies?
Réaction 13


Comme aujourd'hui encore, c'est la masse, en évoluant, qui a fait bouger le système, mais ce sont les lettrés, en ne parvenant pas à s'entendre sur des réformes, qui ont imposé la prolifération de variantes «historiques». Alors que les sons, qui évoluaient assez librement, se sont structurés, les graphies n'ont pas pu se simplifier logiquement, par crainte du changement, par respect révérenciel du modèle latin omniprésent encore au XIXe siècle, dans les textes non seulement religieux, mais scientifiques, et juridiques. C'est l'importance dont il s'est vu revêtir dans les hautes sphères de la vie culturelle et sociale qui a figé le graphisme du français (avec la collaboration de l'institution scolaire).

Les causes des incohérences sont plus généralement le prestige du visuel sur le sonore (auxquels n'échappent que les «primitifs» de la préhistoire), et la fiabilité de l'attestation écrite (l'histoire commence avec l'écriture). Et puis, il y a la facilité de la répétition, qui maintient toute la diversité des notations écrites du passé, ce qui a multiplié même tout à fait inutilement les variantes.


Le son /an/ s'écrit -an, -en, -ant, -ent, -end, -am, -em, -emps...
Le son /è/ a des graphies multiples: è, ê, e, es, et, ei, ai...
Les mots en /o/ s'écrivent avec -o, -ô, -os, -ot, -au, -eau, -aud, -aut, -aulx, -aux.
Les mots en /ou/ se terminent en -ou, -oub, -ouc, -oue, -ouls, -oup, -ous, -out, -oux.
Le son /s/, sourd, s'écrit s,  ss, c,  ç, sc, t, th.
Sans compter les mots en ki écrits -quis ou -ki, sauf qui, acquit (subst.), lysimachie, riquiqui, ventriloquie et whiskey.

Ou le n qui se transforme en m devant p, b et m. Exceptions: néanmoins, mainmise et les composés de bon. Etc...

Faut-il désespérer? Exiger une réforme en profondeur? Entreprendre une lutte?
Les langues qui viennent du latin sont appelées langues ______.
1 romanes
2 romaines
3 latines
4 gréco-latines
Réaction 14


Inutile de s'inquiéter. Ceci n'est autre que la définition même d'une langue. Elles sont toutes, sauf l'espéranto et le volapük, à la même enseigne. Certaines font cependant plus d'efforts que d'autres pour se restructurer (le hollandais, l'espagnol). Et elles peuvent y gagner sur le plan de l'apprentissage (groupes scolaires, étrangers).

La syllabe.

Une des difficultés de l'orthographe française réside dans la pose des accents sur le e ou le redoublement de la consonne suivante (cèle / celle). Les consonnes doubles doivent-elles se faire entendre? Dira-t-on il excè-le? ou il exsel? ou encore il excel-le? Il y a d'abord une difficulté orthophonique (de prononciation). Aussi importe-t-il d'avoir ici quelques notions du découpage en syllabes. Cela sera utile de toute façon car, quand il faut aller à la ligne et que le mot est trop long pour ne pas être coupé, le trait d'union qui annonce la coupe doit prendre place entre deux syllabes.

Mais, d'abord, qu'est-ce qu'une syllabe?
Réaction 15


La syllabe (et son noyau, la voyelle) constitue, en linguistique, une unité (minimale) du point de vue sonore. C'est l'unité constitutive de niveau inférieur au mot. Elle se définit comme la plus petite émission vocale. La syllabe est une voyelle accompagnée ou non de consonne(s). La voyelle, comme son nom l'indique, porte la voix. Molière le disait déjà dans son Bourgeois gentilhomme. La voyelle est le noyau minimal pour une émission de voix. (Prenez bien note de ces définitions, elles vont éclaircir plus d'une difficulté ultérieurement.)

Par exemple, pour réciter l'alphabet à voix haute, il faut transformer en syllabes toutes les consonnes (bé, effe, ache, ji, ka, elle...)

Le mot syllabe vient du grec (, "avec"; , "prendre"). Il s'agit des lettres (plus exactement des phonèmes) qui doivent être prises ensemble pour pouvoir être prononcées.



Le découpage en syllabe est en principe fort simple. Le noyau étant une voyelle, phonème qui a une ouverture maximale (la colonne d'air sort librement), on passe d'une syllabe à la suivante là où l'air est freiné au maximum entre deux voyelles (par exemple par une consonne occlusive: oka fait o-ka). De ce principe découlent les règles de découpage en syllabes graphiques.

1) Consonne unique : devant elle (co / libri)

2) Consonnes doubles : entre les deux (col/lision)

3) Groupe de consonnes différentes : devant la plus fermée, en remontant de droite à gauche (col / tiner, subs / tantif)

4) On peut aussi tenir compte de l'étymologie (ex / utoire, sub / stantif).

Remarque: La règle 4 introduit des exceptions, basées sur le découpage du mot comme unité lexicale et non plus sonore.

Il y a des syllabes longues ou courtes (voire très longues ou très courtes) ce qui donne à chaque individu et même à chaque phrase un débit parfois très particulier. Les syllabes toniques reçoivent un accent qui les allonge; les atones sont plus courtes.

Un allongement de la voyelle peut même la prolonger insensiblement jusqu'à l'apparition d'une seconde syllabe (mè-èr'). On parle alors de diphtongaison (la voyelle double est une diphtongue). En québécois, sans doute sous l'influence des toniques chantantes de l'anglais) la diphtongaison est assez fréquente (ma-èr').

Et saviez-vous qu'il y a des syllabes «ouvertes» et «fermées»?
Réaction 16


Une syllabe est dite ouverte quand elle se termine sans consonne (-bit, cré-dit); la syllabe fermée se termine par une consonne (ils affirmèrent: il-za-fir-mèr). Naturellement, avec l'évolution phonétique, les consonnes finales ne se prononçant plus et les doubles se simplifiant, quantité de syllabes fermées sont devenues ouvertes, ce qui a eu pour résultat de les allonger (d'autant plus que, par leur position, souvent finale, la syllabe était tonique).

Les règles du découpage en syllabe ne suivent pas toujours exactement la prononciation actuelle mais elles s'appliquent comme si on en était resté aux prononciations d'origine. Ainsi, dans ils affirmèrent, on coupe entre les deux f alors que la prononciation actuelle serait a-fir.

C'est pour la pose des accents sur e que le problème est le plus complexe. Y aurait-il une certaine relation entre la pose d'un accent sur le e et le fait que la syllabe est ouverte?
Les hommes, dirait-on, s'efforcent de répéter les erreurs des siècles passés. Il n'y a pas d'accent sur le /é/ initial de s'efforcent parce que /é/ ________.
1 commence le mot
2 ne termine pas la syllabe
3 est suivi d'une consonne redoublée
4 est suivi de f
Réaction 17


Une relation si étroite qu'on ne met d'accent que si la syllabe est ouverte car, si elle est fermée, le e ne peut pas être muet, on peut donc faire l'économie de l'accent (les, des, mettre, dessiner, Hercule, ecclésiastique). Il nous semble que si tous les é et tous les è avaient leur accent, ce serait encore plus «économique»... En ce cas, tous les e sans accent auraient le même timbre. Ce e muet est la grande innovation du français par rapport aux autres langues romanes.

Mais voyons de plus près en quoi il consiste. Il faut pour cela examiner plus en détail le phénomène sonore de la syllabe comme atome (unité minimale). Ne peut-on vraiment prononcer de consonne sans y ajouter de voyelle? Sans doute, quand on parle du f comme son, on peut le prononcer séparément. L'ajout du è n'est nécessaire que pour que la voix porte naturellement à distance. Mais il y a des langues comme l'anglais qui sonorisent les consonnes, notamment le r en fin de mot. En français, le e dit «muet» ne se prononce sans doute pas mais son effet est justement de rendre audible la consonne qui précède. Ex.: chat - chatte. La prononciation soignée de chatte est plutôt en deux syllabes, la seconde étant consonantique: cha-t'. La phase explosive du t est postérieure à l'occlusion et se situe donc dans une nouvelle syllabe. Voilà un t sonorisé, mis dans une syllabe séparée. Les syllabes consonantiques se rencontrent en français (surtout sur les consonnes liquides, l, m, n, r, car ce sont les plus ouvertes). Du e muet final, il reste une trace dans la nature syllabique de la consonne qu'il fait reparaître au féminin de tous les mots en s, t, ou une autre consonne (d, f devenant v, l redoublant, n dénasalisant la voyelle précédente, p, r ouvrant le é).

Y a-t-il un rapport entre cette syllabe consonantique évanescente et le e muet?
La candida__e avoua que sa demande d'admission était antida__ée.
1 t, t
2 t, tt
3 tt, t
4 tt, tt
La dot devrait consister en trois agne__es et douze tourtere__es...
1 l, l
2 l, ll
3 ll, l
4 ll, ll
Je suis inqui__e pour ma tartel__e.
1 èt, èt
2 èt, ett
3 ett, èt
4 ett, ett
Votre gami__e est une enfant taqui__e.
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
Une blessure anodi___e peut être à l'origine d'une infection microbie___e.
1 n, n
2 nn, n
3 n, nn
4 nn, nn
Réaction 18


La grande innovation du français par rapport aux autres langues romanes est le e dit muet, qui même non prononcé crée une syllabe, réduite à sa consonne initiale.

Ce e est-il bien distinct des voyelles de la série antérieure labiale?
Vois-tu ___ que je te montre?
1 ce
2 ceux
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Qu'est-ce que l'e muet en français?
1 Un e qui se prononce sourd.
2 Un e qui ne se prononce pas.
3 Un e qui peut, dans certains cas, se prononcer ou ne pas se prononcer.
4 Un e qui, selon les régions, se prononce ou ne se prononce pas.
Les t__rroristes ont proc__dé à une tu__rie f__roce sur le boul__vard.
1 e, é, e, é, e
2 è, è, e, é, e
3 e, e, e, e, (Rien)
4 é, é, e, é, (Rien)
Réaction 19


Il en est proche phonétiquement mais très éloigné graphiquement. Pour que le code graphique perde encore davantage son ambiguïté, il faudrait lever la similitude entre e et è, parfois é.

L'accent aigu et le grave.

Rappelons que, descendant vers la gauche, l'accent est dit «aigu» (comme dans bléser); vers la droite, il est «grave» (comme dans blèsement).

Le e latin d'où proviennent ces deux voyelles se prononçait comme se prononce encore aujourd'hui le e espagnol ou italien : indifféremment é ou è. La différence entre eux ne crée pas d'opposition significative. Ne pouvant être confondu avec un e muet, alors inexistant, le e latin occupait à lui seul tout le créneau du système vocalique situé entre le i et le a. Il n'avait donc pas besoin de recevoir d'accent. C'est à partir du dédoublement de timbre et de l'amuïssement (é, è, e) qu'il commença à y avoir des risques de confusion (denier, dénier). Toutefois, il a fallu attendre le XVIe siècle pour que l'on ose commencer à placer quelques accents. Au XVIIe siècle, l'Académie installe des accents aigus dans son dictionnaire à certains préfixes (déplacer, prédominer) et, plus systématiquement, pour remplacer partout le groupe es : escrit, despit, esgorger deviennent écrit, dépit, égorger. Au XVIIIe siècle, c'est le tour des accents graves (son dictionnaire donne centiesme en 1694, centiéme en 1740, centième en 1762). Réf. Nina CATACH et alt., Dictionnaire historique de l'orthographe française, Larousse, 1955, p.1125 à 1128.

Où en est-on aujourd'hui?

Elle a la ________ vive.
1 repartie
2 répartie
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
L'__lision relève de la grammaire; l'__lipse, du style; l'__clipse, de l'astronomie.
1 e, el, e
2 é, él, é
3 é, el, é
4 é, el, e
C'est un ___avantage(s) de votre méthode.
1 des (suivi d'espace)
2 dés
3 dès
4 (1 ou 2 selon le sens)


Exercices. I, p.26, q.2 à 8. II, p.31, q.1 à 4. III, p.11, q.1, 2, 6 à 8.
Réaction 20


Les accents sont encore loin d'avoir été établis partout, systématiquement. Il reste quantité de e sans accent que leur environnement suffit à faire reconnaître. Il suffit qu'ils soient en syllabe fermée (celle, gerbe, presque, perle : le e ne termine pas la syllabe, qui est "fermée" par une consonne : l,b,q,l).

Les verbes en -eler ou en -eter posent des difficultés spéciales. Il y a pis. Il reste des e prononcés avec accent grave qui reçoivent seulement un accent aigu, même quand la syllabe suivante est muette (ce qui incite tout de même à prononcer è). Crémerie, événement, il cédera, aimé-je. Les Rectifications s'y sont fortement colletées et il n'en subsiste aucun dans la nouvelle orthographe. On peut dire qu'aujourd'hui, le son è suivi de e muet peut toujours prendre son accent grave (sauf dans la conjugaison du verbe créer pour la garder plus uniforme). Ex. : père, pèle, achète; et, moyennant rectification: évènement, il cèdera, cèleri, harcèle, cliquète.

Rem. Les Rectifications ont aboli l'accent aigu archaïque devant une syllabe en e. Ex. Abrègement, affèterie, allègement, allègrement, empiètement, évènement, etc.

Ne t'inquiète pas. Si je déc____le une anomalie, je t'app____le.
1 è, è
2 è, el
3 el, è
4 el, el
Plus tu le tromp__es sur tous les toits, plus tu te fatigues et tu hal__es.
1 èt, èt
2 èt, ett
3 ett, èt
4 ett, ett
Dès qu'il g___lera, les plants de tomate cr__veront.
1 e, e
2 e, è
3 è, e
4 è, è
Un bon fromage à la cr__me s'ach__te dans une cr__merie.
1 è, è, é
2 è, ê, è
3 è, è, è
4 ê, è, é
Les écrivains incarcérés refusent de signer des engagements qui ali__neraient leur liberté.
1 é
2 è
3 (N'importe)
4 (Autre chose)


Connaissiez-vous, pratiquez-vous ces «rectifications»?
Réaction 21


Il faut souligner que ces Rectifications ne sont pas obligatoires mais qu'on ne peut pas non plus les négliger. Elles sont admises mais non promulguées. En somme, ce ne sont plus des fautes, mais on peut encore écrire comme avant. Leur but était de débarrasser les programmes de quelques irrégularités dépourvues de signification. Elles ont réintroduit tant soit peu de liberté orthographique.

Mais voyons les choses plus exactement en ce qui concerne les verbes en -eler / -eter. En abolissant un redoublement, les Rectifications installent une syllabe ouverte, suivie d'une syllabe muette. Or celle-ci ne peut pas l'être entièrement. On prononce, plus ou moins nettement, le e, surtout si on est du Midi (Il excelleeee). Si on est du Nord, on prononce il excel, syllabe fermée. La graphie proposée, il excèle, ne convient donc pas exactement. Il faudrait aussi supprimer le e final (ou du moins le remplacer par une apostrophe), seul moyen de rapatrier la consonne dans la syllabe (ou du moins de supprimer le e).

Ce qui améliorerait davantage serait d'avoir une graphie distincte pour les e muets qui se prononcent. Ce pourrait être un e retourné comme dans l'API (), ou un epsilon (). Et il y aurait une apostrophe s'il n'est pas prononcé. Il /eksèl'/.

Promouvoir sérieusement de telles évolutions ferait donc surgir aussi des obstacles. Pourquoi tenter de rendre dans le code actuel de l'écrit la réalité d'une prononciation qui est rarement la seule possible? On préfère un code écrit unique car il permet de fermer les yeux sur des prononciations diverses, difficiles à discerner et plus encore à fixer. Mais le français devient alors, un peu comme le chinois, une langue dont l'unité est surtout dans son apparence écrite.

On trouve même assez normal, parfois, de voir la prononciation rejoindre la graphie. Il y a par exemple des è qui peuvent devenir é.
Nous ne devons pas céder à ce chantage exercé par les extr__mistes.
1 e
2 é
3 è
4 ê
Les Jeunesses hitl___riennes se réunissaient au son de la musique wagn___rienne.
1 e, e
2 è, e
3 è, é
4 é, é
Pendant ses vacances à Chypre, mon correspondant, un Li___geois, s'est épris d'une étudiante ath___nienne.
1 e, é
2 é, é
3 è, e
4 è, é
Pendant deux jours, les cég___piens de la région de Québec se sont réunis à l'occasion du Colloque sur l'information québ___coise.
1 e, e
2 é, é
3 è, è
4 e, é
Réaction 22


Si la syllabe qui suit /è/ n'est pas muette, non seulement la tendance est de garder le é, mais la prononciation tend à rejoindre la graphie et on prononce souvent /é/.

Dans les emprunts, faut-il attendre que le mot se francise pour que les accents s'ensuivent (bénédicité)?
Avez-vous le p__digr__e de mon chien?
1 é, é
2 e, é
3 é, e
4 e, e
Le lis__ré de son veston représentait de minuscules __delweiss.
1 e, e
2 é, e
3 (1 ou 2, au choix)
4 é, é
Réaction 23


La présence d'un accent est un signe typique de francisation mais c'est la fréquence de l'emploi qui devrait jouer comme déterminante pour l'entrée du mot dans la langue. Un autre indice, plus sûr que la graphie, est la formation de dérivés avec suffixes français (downloader). Les emprunts dotés d'une famille française ne peuvent être considérés comme des emplois occasionnels : ils sont entrés dans la langue Et les noms propres? D'un emploi moins fréquent, les noms propres étrangers sont facilement utilisables sous la forme adjectivale (suffixe -ien). Alors qu'ils gardent normalement graphie d'origine (l'univers marquezien), le suffixe peut la leur fait perdre : Nietzsche (pron. Nitch', avec un e muet, alors que l'allemand prononce é) en face de une exaltation nietzschéenne (pron. /éè/).

Signalons enfin il paie et il paye, où le é et le è sont en concurrence sans que l'accent puisse venir les désambiguïser. Si on doit renoncer à toute modification de l'écrit, il faudra du moins enseigner que le groupe aie est un groupe ai (/è/) allongé alors que le y est un jod avec lequel le e forme une syllabe muette (qui peut se réduire à la semi-consonne initiale et qu'on pourrait transcrire ay').

Accent grave sur ou et a.

L'accent aigu ne concerne que le e. L'accent grave se rencontre-t-il aussi sur une autre voyelle?
Voil____ trois mois que j'attends; cel____ est inadmissible.
1 a, a
2 a, à
3 à, a
4 à, à
Qu'elle m'aime __ qu'elle ne m'aime pas, __ en suis-je?
1 ou, ou
2 ou, où
3 où, ou
4 où, où
Le village est ___ deux kilomètres, en deç__ de la rivière.
1 a, a
2 à, a
3 à, à
4 a, à
___ commence à bourgeonner; on voit ___ et ___ des boutons gros comme ___.
1 Ça, ça, la, ça
2 Ça, çà, là, ça
3 Ça, çà, là, çà
4 Çà, ça, la, çà
Ç___, alors! c'est le comble! Ah ç___! pour qui me prenez-vous?
1 a, a
2 a, à
3 à, à
4 à, a
Le morphème la s'écrit-il parfois avec un accent grave?
1 Quand il est pronom. (Je ___ regarde)
2 Quand il est adverbe de lieu. (Je te vois ___)
3 Quand il est interjection. (__! reste calme)
4 (Autre chose)
Ça prend la cédille, mais quand prend-il un accent grave?
1 Quand il est adverbe de lieu. (On a essayé __ et là)
2 Quand il est pronom. (Tout ___ est fichu)
3 Quand il est interjection. (Ah! __, jamais de la vie)
4 (1 et 3)
Réaction 24


Et sur les majuscules, mettriez-vous des accents?
Descendez à la station ___le-Sainte-Hélène et allez dans la direction de l'ancien pavillon des ___.-U.
1 I, E
2 I, É
3 Î, E
4 Î, É
___vitez le plus possible, dans votre correspondance, les sigles du type M.___.Q. (pour ministère de l'___ducation du Québec), avait-il conseillé sur un ton caustique.
1 E, E, E
2 E, É, E
3 É, E, É
4 É, É, É
Les institutrices à la retraite ne veulent plus que la C.___.C.M. fasse porter sur leurs chèques de pension la mention RETRAIT___E.
1 E, E
2 E, É (maj. avec accent)
3 É (maj. avec accent), E
4 É, É (deux maj. avec accent)
Réaction 25


La question est litigieuse. On peut trouver des explications étendues sur le site de druide, à l'adresse internet suivante : http://www.druide.com/points_de_langue_08.html

Disons pour résumer que oui, même si la place manque, mieux vaut mettre l'accent, pour éviter les équivoques (UN INTERNE TUE). Les sigles font exception, cependant, quand ils sont traités comme des mots nouveaux et non comme des abréviations. Cela peut modifier le timbre initial des e.

Le circonflexe.

À quoi sert encore l'accent circonflexe? (Vu le grand nombre de QCM présentées ici, ne choisissez que celles qui peuvent vous être le plus utiles!)
Å ce petit thé___tre, les murs sont de pl___tre et d'une teinte bleu__tre.
1 a, â, a
2 â, â, â
3 â, a, â
4 a, â, â
La fierté moyen__geuse interdisait de b__cler la construction des ch__teaux et des cathédr__les.
1 â, â, â, â
2 â, a, â, a
3 â, â, â, a
4 a, â, a, â
Sous un masque douce__tre, quelle __crimonie, quelle __preté!
1 â, â, â
2 â, a, â
3 â, a, a
4 a, â, a
Tous les pédi__tres ne sont pas psychi__tres.
1 a, a
2 â, a
3 a, â
4 â, â
Ceci est un r__teau à r__teler le foin et non à r__tisser le jardin.
1 â, â, a
2 â, a, a
3 a, a, a
4 a, a, â
Le p__tre n'a que vingt __cres pour ses deux cents brebis.
1 a, a
2 â, a
3 â, â
4 a, â
Quelle t__che, de h__ler ces ép__ves!
1 â, â, â
2 â, a, a
3 â, â, a
4 a, a, â
B___iller d'ennui et b___yer aux corneilles auraient dû s'écrire de la même façon. En effet, ces deux mots ont la même étymologie.
1 a, a
2 â, a
3 â, â
4 a, â
L'orignal br__me d'une voix r__peuse.
1 â, â
2 â, a
3 a, â
4 a, a
Il y avait des dég__ts, un vrai g__chis.
1 â, â
2 â, a
3 a, â
4 a, a
Ces supr__mes efforts l'ont conduit à la dernière extr__mité.
1 ê, ê
2 è, é
3 ê, é
4 (Autre chose)
Élégamment v__tue, elle s'appr__te à prendre l'avion pour l'île de Cr__te.
1 è, è, è
2 ê, ê, è
3 ê, è, è
4 ê, ê, ê
Les gr__lons tombent sans tr__ve et crépitent sur un vieux po__lon abandonné.
1 ê, ê, ê
2 e, è, e
3 ê, è, ê
4 è, è, ê
On vous le réparera, votre embl__me en cuir façonné, mais il faudra appliquer le bar__me. Je vais chercher une al__ne.
1 ê, ê, ê
2 è, è, è
3 è, è, ê
4 (Autre chose)
Pour le capitaine, la perte de son b__timent était le plus terrible des ch__timents.
1 â, â
2 â, a
3 a, â
4 (Autre chose)
--- Sans dipl__me, je compte vivre d'aum__ne. --- Ainsi éviteras-tu d'avoir à payer tes imp__ts...
1 ô, ô, ô
2 ô, ô, o
3 o, ô, o
4 ô, o, ô
La z__ne de dép__t des immondices doit être entourée d'une cl__ture.
1 ô, ô, ô
2 ô, o, ô
3 o, ô, ô
4 ô, o, o
Ils veulent __ter le pyl__ne pour bâtir un entrep__t.
1 ô, ô, ô
2 ô, ô, o
3 o, ô, o
4 o, o, ô
Regardez, sur la c__te, le nouvel h__pital, symb__le du progrès.
1 ô, ô, ô
2 ô, ô, o
3 ô, o, o
4 o, ô, o
On voit les matel__ts r__der du c__té des tavernes.
1 ô, ô, ô
2 o, ô, ô
3 o, o, ô
4 ô, ô, o
Le premier axi__me de la lutte contre le ch__mage est la prom__tion de l'instruction publique.
1 ô, ô, ô
2 ô, ô, o
3 o, ô, o
4 ô, o, ô
Le qualificatif tiré d'arôme prend-il l'accent circonflexe?
1 Oui.
2 Non.
3 (Cela dépend)
4 (Il n'y a pas de qualificatif tiré d'arôme)
Le qualificatif correspondant à cône prend-il l'accent circonflexe?
1 Oui.
2 Non.
3 (Selon le contexte)
4 (Selon le sens)
Quel est le qualificatif correspondant à symptôme? --- Sympt__matique.
1 ô
2 o
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Il voulait une vie d'artiste, de _____.
1 Bohême
2 bohême
3 bohème
4 bohémien
En soulevant le combiné, au téléphone: _____.
1 Hello
2 Hallo
3 Allo
4 Allô
Réaction 26


Les Rectifications ont été très sensibles à ce circonflexe que personne ne tenait tellement à conserver. Il n'indiquait même plus un allongement de la voyelle, car la plupart des toniques avaient perdu leur durée (accélération du rythme de la communication comme de la vitesse des déplacements). Elles n'osèrent malgré tout supprimer que le circonflexe sur i et sur u pourvu que cela ne crée pas d'équivoque (dû, jeûne, mûr, sûr, je croîs, il fallait qu'il partît, plût au ciel).

Êtes-vous assez d'accord, sur ce point, avec les Rectifications?

Ayant atteint la c__me, il ne lui reste plus à conquérir que l'ab__me.
1 î, î
2 î, i
3 i, î
4 i, i
La fra_cheur des hu__tres en fait la saveur.
1 î, î
2 î, i
3 i, î
4 i, i
Une ép__tre peut avoir plusieurs chap__tres.
1 î, î
2 î, i
3 i, î
4 i, i
Encha__né par la d__me, le village, économiquement, se tra__nait.
1 î, î, î
2 î, î, i
3 i, î, î
4 î, i, i
En 1940, Claudel s'était fait tra__ter de tra__tre par Antonin Artaud.
1 î, î
2 î, i
3 i, î
4 i, i
Si tu cro__s en âge, tu cro__tras peut-être aussi en sagesse.
1 î, î
2 i, î
3 î, i
4 i, i
Elle mène pa__tre sa chèvre quand ça lui pla__t.
1 î, î
2 î, i
3 i, î
4 i, i
Le m__rissage de la m__re sera favorisé par la m__raille.
1 û, û, û
2 û, û, u
3 u, û, u
4 u, u, û
Au mois d'ao__t, quand le soleil br__le, le miel peut devenir s__r.
1 û, û, û
2 û, û, u
3 u, û, u
4 û, u, û
Les emb__ches peuvent provoquer la ch__te des hommes les plus s__rs d'eux-mêmes.
1 û, û, û
2 û, û, u
3 û, u, û
4 u, u, û
La pratique du je__ne ne fait pas nécessairement raje__nir.
1 û, û
2 û, u
3 u, û
4 u, u
Est-ce la cr__te du fromage qui te dég__te? Préférerais-tu de la choucr__te?
1 oû, oû, oû
2 oû, oû, ou
3 oû, ou, ou
4 ou, ou, ou
La construction d'ég__ts en forme de v__te, cela c__te cher.
1 oû, oû, oû
2 ou, oû, oû
3 ou, oû, ou
4 oû, ou, ou
Il joue de la fl__te et, avec cela, quel esprit f__té toujours à l'aff__t des reparties facétieuses.
1 û, û, û
2 û, û, u
3 û, u, û
4 u, û, u
Le b__cheron f__t si heureux d'avoir déb__ché un chevreuil!
1 û, û, û
2 û, u, û
3 û, u, u
4 (Autre chose)
Elle lui annonça cr__ment qu'il était absol__ment chauve.
1 u, u
2 u, û
3 û, u
4 û, û
Il compar____ à Kiang Chou.
1 ait
2 aît
3 (N'importe)
4 (Selon le sens et la fonction du ou des noms propres)


Autres exercices : I, p.27 à 30, q.10 à 25. II, p.31 à 33, q.5 à 16.
Réaction 27


Le français ne se servant pas de l'accent du durée (un trait horizontal) et le circonflexe ayant souvent une certaine durée, du moins s'il coïncide avec la syllabe tonique (forêt mais pas dénûment), il serait intéressant de conserver ce petit chapeau pour marquer un allongement vocalique ou un ton allusif (ascendant puis descendant). Du moins pourrait-on cesser de considérer son absence comme une fôte, sauf dans les homonymes.

Le tréma.

Le tréma isole la voyelle (même si elle ne se prononce pas). Son origine est philologique: il s'agissait de distinguer les digrammes des diphtongues.

Il y eut co__ncidence de tra__sons.
1 ï, ï
2 i, hi
3 ï, hi
4 hi, ï
L'augmentation des annu__tés de la reine est un détail prosa__que...
1 ï, ï
2 i, ï
3 ï, i
4 i, i
En 1914, il y eut encore de nombreux combats à la ba__onnette.
1 i
2 y
3 ï
4 ill
Au temps du peintre D__rer, la pitu__te était considérée comme l'une des quatre humeurs fondamentales de l'organisme.
1 u, i
2 u, ï
3 ü, i
4 ü, ï
La tro__ka s'avança le long des tro__nes.
1 i, è
2 i, ë
3 ï, è
4 ï, ë


Exercices. I, p.11, q. 29 à 35. II, p.33, q.17 à 21. III, p.13, q.14 à 16.

Êtes-vous pour ou contre le tréma?
Réaction 28


Difficile de contester son utilité mais il y a des moments où il nous plonge en pleine ambiguïté - c'est le mot.

gu + i

Posons le problème des gu + i avec ou sans tréma. Sans tréma, les voyelles u-i n'ont pas à être prononcées toutes les deux : le u ne se prononce pas car il n'est là que pour conserver au g sa qualité dure, comme dans guitare. Mais avec tréma? Quelle sera la valeur de u? Sera-ce un vrai u ou une semi-voyelle de transition comme dans huit et lui?

L'acu__té de son esprit lui révélait toute l'ambigu__té de la situation.
1 i, i
2 i, ï
3 ï, ï
4 ï, i


Exercices. I, p.7, q.1 à 10.
Réaction 29


Normalement, le tréma est là pour indiquer deux voyelles distinctes et donc toutes deux pleinement voyelles. Si le u est semi-voyelle, le tréma est inutile (ex. linguiste, pituite). Mais il faut tenir compte du fait que le groupe ui peut aussi comporter un u factice, servant uniquement de contre-cédille (pour éviter qu'il ne se prononce comme gigi; V. Paragraphe suivant).. Dans ce cas-là joue de manière significative l'absence de tréma. Sa présence, dès lors, va déjà devenir significative pour le cas du ui prononcé mais avec semi-voyelle.

Que se passe-t-il si c'est un e qui suit le digramme guttural dur gu? Au féminin des qualificatifs en -u par exemple?
Réaction 30


Le cas de il arguë, devenu il argüe selon les Rectifications, ou de ambigu faisant au féminin ambiguë mais ambigüe selon les Rectifications, trouve son explication sans tenir compte du cas d'ambiguïté, devenu ambigüité. Il s'agit, dans ambigüe, d'indiquer que le u n'est pas une semi-voyelle mais un véritable u. Il y aurait moyen de sortir de ces imbroglios, pourtant, et de désambiguïser (mais non de désambigüiser). Il suffirait de mettre le tréma sur le u quand celui-ci est un véritable u et sur le i quand il est pleinement i. Ainsi le tréma désignerait bien, et toujours, la voyelle qui se prononce effectivement.

Le u de guitare rend le g explosif. N'est-ce pas le même phénomène que quand le u qui suit q contribue à donner au c sa sonorité explosive gutturale sourde? Ci est aussi une sifflante. Le qu ressemble beaucoup au gu. Le u forme digramme avec les deux gutturales.Plus précisément, il agit, peut-on dire, comme une contre-cédille puisque le cédille sous le c a un effet inverse, il rend la gutturale moins dure. Il n'y a pas de cédille sous le g mais ce serait le e de nageoire qui ferait pour g ce que fait la cédille pour c. Jetons donc un coup d'oeil sur ce coin du système graphique du français.

La cédille.

Quand il est question de cédille, il suffit de retenir CECI. Comment? Parce que CECI représente les deux seuls cas (devant e ou i) où le c se prononce s. Devant les autres voyelles écrites (a, o, u) il se prononce k. Le rôle de la cédille est d'adoucir le c quand la voyelle qui suit ne le fait pas. De même pour la gutturale sonore, g, où le rôle est confié au e.

Compliqué?
On procède d'abord au dépe___age; les bêtes dépe___ées sont conservées en chambre froide.
1 ç, ç
2 c, ç
3 ç, c
4 c, c
Les fian___és fixeront eux-mêmes la date des fian___ailles.
1 ç, ç
2 c, ç
3 ç, c
4 c, c
Il refuse de vivre au milieu des sou__is et des soup__ons.
1 ç, ç
2 c, ç
3 ç, c
4 c, c
Qu'est-ce qu'on aurait vu si __avait été quelques jours plus tard qu'elle l'avait pla__é!
1 c', c
2 ç', qu
3 ç', c
4 (2 ou 3, selon le sens)
Réaction 31


Parallèlement, il peut arriver que l'on doive conserver le son k même devant e, i. Il faut alors renforcer le c. Intervient alors la contre-cédille: on insère une voyelle qui garde au c (comme au g) sa valeur de consonne sourde, donc un u. Encore faut-il savoir que ce u ne doit pas être prononcé! Ex. Guy, guenille, cueillir. Dans le cas des graphies qu + e, i, on pourrait se passer du u puisque la graphie q est non équivoque, mais cet u était là en latin et il est conservé par étymologie (sauf dans quelques mots empruntés à l'arabe: Qumran.)

Le u pris entre une gutturale (c ou g) et une voyelle antérieure (e ou i) est-il toujours bien muet? N'a-t-il jamais besoin de tréma? Et les mots en cui-? Leur u n'est-il pas semi-voyelle? Ne demanderaient-ils pas un tréma, au moins sur le i?
Son lan__age est affecté; au lieu de dire un broc, il dira une ai__ière.
1 gu, gu
2 g, g
3 g, gu
4 gu, g
Il n'était pas homme à se laisser nar___er comme un ni___aud.
1 gu, gu
2 gu, g
3 g, gu
4 g, g
Ça lui serait égal de se faire relég__r à Sainte-Rose-du-Dég__lis.
1 e, e
2 ue, e
3 e, ue
4 ue, ue
Pourquoi pas de e entre g et u dans augure?
1 Orthographe ancienne.
2 Parce qu'on ne prononce pas de e.
3 Pour marquer que le g se prononce doux, comme dans fromage.
4 Pour marquer que le g se prononce dur, comme dans gant.
Mang____ sans cesse, il grossit à vue d'oeil, ton cochon d'Inde.
1 ant
2 eant
3 ent
4 uant
Réaction 32


Ici, les Rectifications ont préféré respecter l'usage. On a : qui (ki), cui- (k¨wi), et, s'il le fallait, cüi ou cuï (ku-i)... Le verbe cueillir n'est une anomalie qu'en apparence. Il suit la règle du u contre-cédille.

L'un des palliatifs au manque de lettres de l'alphabet, resté latin, a donc été de conserver la même lettre pour plusieurs sons, ou de donner des valeurs différentes à une seule lettre. Une autre astuce fut le digramme (ch, ph, eu, ou, an, in, on, un...)

Le s a-t-il le même son s'il est redoublé?
LE CHIEN. -- Je me sentais à ______.
1 laisse
2 laise
3 (Selon le sens)
4 (Autre chose)
Re__entez-vous un malaise? Sinon, re__aisissez-vous.
1 s, s
2 s, ss
3 ss, s
4 ss, ss
Réaction 33


Le redoublement dans le cas du s a donc pour effet de l'empêcher de se sonoriser (de passer à z). Les voyelles peuvent donc déteindre un peu sur les consonnes voisines, entraînant une évolution de tout le système phonétique dans la mesure où il est vivant et en vigueur. Les voyelles n'ont pas été les seules à glisser. Des évolutions incontrôlées, du Ve au XIe siècle, par la suite de plus en plus scrupuleusement respectées, du XVIIe au XXe, ont entraîné certaines consonnes.


Plusieurs graphies pour le son s.

La règle veut qu'entre deux voyelles le s simple se sonorise (z). Elle est peu enseignée et pourtant ne connaît que très peu d'exceptions (vraisemblable, asocial, resituer), toutes dues à des compositions.

Le son s a-t-il plus de deux graphies?
Quand un chien se montre indocile, on le dresse. Mais s'il récidive, on lui a__ène quelques coups de bâton.
1 sc
2 c
3 ss
4 (N'importe)
La charte des Nations-Unies nous fait un devoir de résister au ra__isme et au fa__isme.
1 c, c
2 c, sc
3 sc, sc
4 (Autre chose)
Il règne un chômage e____sif dans les milieux ruraux.
1 cces
2 xes
3 xces
4 xce
Les murs du château avaient re__ué. Les tapisseries étaient tout endommagées par cette humidité.
1 s
2 ss
3 sc
4 ç
Réaction 34


Mais, en latin, la lettre c transcrit le son /k/. C'est sous l'influence du i que l'évolution phonétique a fait remonter le point d'articulation du k vers le son s. Nouvelle prononciation, ci = /si/ mais graphie inchangée. C'est toujours en négligeant d'adapter l'écriture lors de l'évolution de la prononciation qu'on en arrive à un système de transcription incohérent. Heureusement, en créant un nouvel alphabet, doté d'un signe par son et d'un son par signe (API), le linguiste peut transcrire sans équivoque les prononciations réelles de très nombreuses langues. Toutes les langues devraient-elles adopter l'API?
Réaction 35


Cela faciliterait la communication et la conservation de la diversité des langues comme de la variété des prononciations. Mais quel déluge de protestations s'élèveraient tant de la part des grandes langues que des plus petites! Seuls les linguistes se réjouiraient...

Les consonnes qui redoublent.

Il fut un temps où le redoublement des consonnes était une réalité de la prononciation. Turolde disait, en accentuant la première des deux syllabes de chaque mot :"Mo=ult ap=prit l'hom=me qu=i souf=frit" (décasyllabe de la Chanson de Roland). On voit que les lettres doubles correspondent réellement à deux consonnes distinctes. Aujourd'hui, la prononciation des consonnes doubles est simplifiée partout et c'est par erreur qu'on entend parfois : "Il est intel=ligent" (pron. normale : intè=li=jan).

Mais comment savoir qu'apprendre, c'est deux p, alors qu'apercevoir n'en prend qu'un?
L'o__uliste a-t-il été témoin o__ulaire?
1 c, c
2 c, cc
3 cc, c
4 cc, cc
Ces sortes d'expéditions auxquelles vous faites a__usion sont vives et hasardeuses. Elles n'ont d'autre objet que de mettre l'a__arme chez l'ennemi.
1 l, l
2 l, ll
3 ll, l
4 ll, ll
L'agent X37 est passé maître dans l'art d'é__uder les questions. On dit qu' il é__ucide des mystères.
1 l, l
2 ll, l
3 l, ll
4 ll, ll
L'art de l'___ipse du présentateur a été vivement critiqué. Les téléspectateurs ne sont guère parvenus à ___ucider sa pensée.
1 él, él
2 él, ell
3 ell, él
4 ell, ell
Il y eut un appel à candidatures pour des programmes de protection d'une dizaine d'espèces d'oiseaux autrefois communs, comme l'a__ouette. Mais les conditions financières n'ont a__éché personne.
1 l, l
2 l, ll
3 ll, l
4 ll, ll
Réaction 36


Souvent, c'est entre le préfixe et le radical (immobile), ou entre le radical et le suffixe (distillation), que se produit un redoublement. Comme la coupe syllabique a toujours lieu entre les consonnes doubles, cela aide à diviser le vocable en préfixe / radical / suffixe. Ainsi, apprendre, c'est le verbe prendre et le préfixe ab- (origine). Le b, qui a le même point d'articulation que le p et qui n'en diffère que par la vibration des cordes vocales, a cessé de vibrer (facilité), et on a prononcé ap-prendre avant que les deux p n'en fassent plus qu'un (quoiqu'ils continuent à s'écrire).

Mais pourquoi les composés persifler et boursoufler avaient-ils perdus le redoublement? (Et pourquoi le leur réimposer alors qu'il faudrait le supprimer partout, puisque telle est l'évolution phonétique?) Quelle différence voyez-vous entre souffler et boursoufler, du point de vue de le durée des syllabes?
Quand il si__lote, je sais qu'il est heureux, cet escogri__e.
1 f, f
2 f, ff
3 ff, f
4 ff, ff
Il est ancré dans ses habitudes théâtrales, passant des boursou__lures de ses gargarismes à des gi__les cuisantes.
1 f, f
2 f, ff
3 ff, f
4 ff, ff
Réaction 37


Ce que persifler et boursoufler ont en commun par rapport à leur radical du point de vue de la durée des syllabe, c'est que l'accent tonique change de place. Dans siffler et souffler, on peut allonger le premier f sans difficulté car la syllabe est longue. Dans leurs deux composés, il y a une prétonique sur le préfixe ce qui oblige à placer la tonique sur la finale -er. Le redoublement sonore devient alors improbable, sinon impossible. La graphie de l'Académie est donc justifiée.

Mais la logique des Rectifications est celle du compromis. Puisque l'opinion refuse de simplifier graphiquement toutes les consonnes doubles, du moins qu'elle accepte de régulariser la graphie des mots de la même famille! Que soufre (le produit chimique qui s'enflamme sur les allumettes) ne redouble pas, puisque c'est un autre mot que souffrir, cela s'endure, mais devoir écrire boursoufler autrement que souffler... Mais, tant qu'à faire, se rallier à la consonne simple aurait mieux valu.

Consonne double ou accent grave?

Selon vous, dit-on marquetterie avec un è, avec un e, et suivi d'un second e réellement muet?
Le craqu__ement de la marque__erie me tint éveillé toute la nuit.
1 èt, t
2 èt, tt
3 ett, t
4 ett, tt
Réaction 38


Peu de cohérence, dans ces observations (qui ne peuvent prétendre à être des règles). Que les groupes d'étudiant(e)s parviennent à les maîtriser est d'autant plus remarquable. Mais la tendance diverge, naturellement.


QCM  10431                    # 368      |100%              ·
Lot  F3a      Cycle 10         Valide    |   |              ·    33333333333
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |            3333333       4444
1*      29      2.70      0.20           |   |    33333333  ·      44444   2
2       37     -1.09      0.39           |   |3333          · 44444     222
4       22     -3.95      0.31           |   |            4444     22222
3       10     -7.54      0.29           |   |       44444  ·    22
-       02      0.00      0.00           |   |    444       · 222
-----------------------------------------|   |  44          22
Le craqu__ement de la marque__erie me    |   |44          22·
tint éveillé toute la nuit.              |50%|·········222··············1111
1)     èt, t                             |   |       22     ·      11111
2)     èt, tt                            |   |    222       · 11111
3)     ett, t                            |   |  22     1111111
4)     ett, tt                           |   |22  11111     ·
                                         |   |1111          ·
Même si 29% valident la question, c'est marquetterie avec deux t qui emporte la faveur de la majorité et qui manifeste la tendance du groupe (0.39 : meilleure discriminance). Ont-ils tort? Tout dépend de la prononciation.

Car si le e est neutre, nul besoin de redoubler, mais si c'est un è, ou bien on doit redoubler, ou bien il faut un accent. Le Dictionnaire de la prononciation française dans son usage réel de Martinet et Walter est, pour une fois, formel. Tous les témoins disent è. Pourquoi les Rectifications admettent-elles alors un e sans accent avec un seul t? Cela ne se justifierait que si la prononciation avec e labialisé était encore en vigueur. La différence est considérable : si la voyelle est è, elle est tonique; autrement, l'accent tonique se déplace sur le ie final.

Il est donc important de se demander si le e est muet, devant t, ou tout autre consonne qui pourrait redoubler. Le problème se pose-t-il pour les verbes en -eler comme pour les verbes en -eter?
Un ami plein de z__e cis__era la plaque commémorative.
1 èl, èl
2 ell, èl
3 èl, ell
4 ell, ell
Réaction 39


La situation est identique. Le e ne peut pas être sourd, il doit donc avoir un accent grave, ou bien on redouble le l. Les meilleurs ont opté pour l'accent et c'est la tendance de l'ensemble, mais 71% voient ciseler avec ll, à l'inverse des Rectifications.


QCM  10597                    # 311      |100%             ·
Lot  EQ1ort   Cycle 20         Valide    |   |             ·              2
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |             · 22222222223333
1*      21      2.43      0.34           |   |       2222222223333333333
3       71     -7.10      0.21           |   |2222222  3333333
2       04     -8.75      0.22           |   |    33333     ·
-       04      0.00      0.00           |   |3333          ·
-----------------------------------------|   |              ·
Un ami plein de z__e cis__era la plaque  |   |              ·
commémorative.                           |   |              ·             1
1)     èl, èl                            |50%|···························111
2)     ell, èl                           |   |              ·         11
3)     èl, ell                           |   |              ·    11111
4)     ell, ell                          |   |              · 111
                                         |   |              11
                                         |   |         11111·
                                         |   |    11111     ·
                                         |   |1111          ·
                                         |   |              ·
Le groupe est bien conscient des deux options. Il ne craint pas le redoublement de consonne.

S'agit-il seulement d'une question d'orthographe, qui pourrait donc se résoudre ad libitum, pourvu que tout le monde soit content? Ceux qui en sont persuadés ignorent qu'il y a eu toute une évolution phonétique et que la prononciation actuelle poursuit cette évolution, que l'écriture freine, et parvient exceptionnellement à inverser (abstenir se prononçait et s'écrivait astenir au XIIe siècle mais le b conservateur des scribes de chancellerie est revenu dans la prononciation courante).

Précisons les enjeux. Les verbes en -eler de la série ci-dessus, donnés comme exceptions, ainsi que modèle, stèle, etc. avaient un è long puisque la syllabe était ouverte et tonique. Il gèle comme il grêle était en fait un paroxyton, comme la plupart des mots latins. La tonique n'était pas finale en latin, elle l'est devenue dans la plupart des mots français (qui sont des oxytons) parce que les syllabes finales ont été progressivement éliminées. Il y a eu un stade où on disait gè-l' avec un è long. On dit gel (une seule syllabe) aujourd'hui. Les Rectificateurs préconisent-ils réellement un retour à il gè-l'? Non. Ils supposent la prononciation fixée; ou bien ils la savent fluctuante, mais préfèrent tirer un voile. En passant de ça ruisselle à ça ruissèle, ils ne songent qu'à supprimer des consonnes doubles. Or, elles ont bien disparu de la prononciation mais pas disparu entièrement. Il en subsiste ce qu'on appelle en linguistique une trace (comme le h quand il en reste une absence de liaison). Certes, on ne prononce plus les deux l distinctement, on ne dit plus ça ruissel-le, sauf dans le Midi. Ni même ça ruissel-l'. Mais il y a encore une différence entre gèle et ruisselle puisque le è de ruisselle est en syllabe fermée, et donc bref, tandis que le è de gèle est en syllabe ouverte tandis que le l est sonore, si sonore qu'il peut former à lui seul une seconde syllabe, liquide. Et c'est ce qu'il fait. Écrire ruissèle avec les Rectifications serait donc prononcer tout autre chose que ce qui se prononce aujourd'hui. Le remède proposé était pire que le mal.

Car quelle est la prononciation actuelle en France? Voici le graphe d'un lycée parisien sur une question du même genre.


QCM 10185                    # 319 3     |100%              ·
Lot  LC0      Cycle 101        Instable  |   |              ·
        %      Niveau     Discriminance  |   |              ·
1*      56     -0.48      0.31           |   |              ·              4
+       01     -0.61      0.30           |   |              ·         443333
-       03      0.00      0.00           |   |              ·    4444433   1
3       13     -1.81      0.29           |   |              444443333311111
4       08     -2.65      0.29           |   |            4433333  111
2       23      0.00      0.00           |   |       4444433· 11111
-----------------------------------------|   |    444  333  11
C'est tout à fait inhabituel; il g__e    |50%|·4433333·······11············
en plein mois de mai. Il est tombé de    |   |4433   ++111  ·
la gr__e.                                |   |33  11111     ·
1)     èl, êl                            |   |++11          ·
2)     èl, ell                           |   |11            ·
3)     ell, êl                           |   |              ·
4)     ell, ell                          |   |              ·
Le sous-groupe majeur connaît son orthographe mais tout de suite après, il y a de l'instabilité (+, -, ll), sans doute à cause de la prononciation. Celle-ci tend vers un raccourcissement du è qui se marquerait mieux avec les deux l. Ainsi serait-on sûr de placer le l dans la syllabe tonique. Opter pour un seul l, dans le système graphique actuel, oblige à mettre un accent, ce qui suppose une prononciation contraire à l'usage des Parisiens (qui parlent vite et n'allongent pas les toniques plus que le minimum requis).

Les Rectifications aboutissent donc ici à privilégier une simplification, purement graphique, au détriment du système existant de transposition du sonore vers le graphique. Les réticences du public et des écrivains n'étaient pas seulement épidermiques.

Faut-il simplifier les consonnes doubles?

D'une façon générale, êtes-vous d'avis qu'il faudrait simplifier les consonnes doubles?
Les paysan___ étaient partisan___ de l'opposition.
1 nes, nes
2 es, es
3 es, (Rien)
4 nes, s
Le Madrilè__e est soucieux d'hygiè__e.
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
Il faudra que tu pre__es, ou plutôt que nous pre__ions des précautions.
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
La tsari__e voulut goûter au pâté en terri__e.
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
Il a passé toute sa vie à essayer de démontrer les effets néfastes d'une vie monoto___e sur les hormo___es des glandes surrénales.
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
Le clochard ne peut renouveler ses ni__es, qui sont usées et fri__ées.
1 p, p
2 p, pp
3 pp, p
4 pp, pp
Callio__e m'enseignera les tro__es.
1 p, p
2 p, pp
3 pp, p
4 pp, pp
Les écureuils s'abreuvent volontiers dans la ja__e près de la bara__e.
1 t, t
2 t, tt
3 tt, t
4 tt, tt
Ce qu'il avait complo__é de cuisiner, c'était de la gibelo__e.
1 t, t
2 t, tt
3 tt, t
4 tt, tt
Il avait une cagno__e qu'il avait cachée dans une bouillo__e.
1 t, t
2 t, tt
3 tt, t
4 tt, tt
Vous verrez si j'ai manqué de jugeo__e en vous amenant dans cette gargo__e.
1 t, t
2 t, tt
3 tt, t
4 tt, tt
Dans le noir, j'ai bu__é contre une pierre et chu__é.
1 t, t
2 t, tt
3 tt, t
4 tt, tt
Réaction 40


Les Rectifications proposent de s'aligner sur les bases lexicales (flotter suivant flotte, mais on pourrait aussi bien remonter à flot, entre nous), avec une tendance à la simplification de la consonne si l'usage le permet (notamment pour les diminutifs).

Prenons le cas du verbe calotter, dérivé verbal de calotte. Il peut venir du latin mais ce serait par l'intermédiaire du provençal calota. Le redoublement du t est un ajout sur le modèle des diminutifs en -elle, -olle, -ette, -otte. Comparons avec dorloter, dérivé verbal de dorelot, "boucle de cheveux", d'où son sens de "friser" au 13e siècle. Pourquoi l'influence des diminutifs lui a-t-elle été épargnée? Il faut dire que même certains diminutifs ne redoublent pas: suçoter, siffloter. Et dans votre conscience linguistique, quelle est la tendance? Simplifier les consonnes doubles puisqu'elles ne se prononcent plus? Même dans le cas du suffixe diminutif?
Réaction 41


Voici les indices recueillis expérimentalement au Québec.
Rép. % Niveau Discrim.
1 19 +2.76 0.33
2 31 +0.03 0.54
4 42 -6.20 0.23
3 07 -9.17 0.23
- 01 00.00 0.00


Seuls nos 19% d'experts et expertes s'en tirent. La majorité est pour le redoublement et la tendance du groupe (discriminance maximale) est pour sifflotte, sans doute parce que c'est un diminutif; preuve de plus de la subtilité des usagers.

Il y a un ll qui ne se prononce pas l. Dans famille, par exemple.

Le son yod.

Il s'écrit y + voyelle, mais encore i + voyelle, ou iIl, ilh, illi... Tout dépend des mots dont l'évolution phonétique a abouti au son yod. Mais cela crée un obstacle à la simplification des consonnes doubles. Simplifier le double l aurait des effets inattendus, à moins de se doter aussi d'une nouvelle lettre spécifique au yod, qui est une semi-voyelle, ou semi-consonne, intermédiaire au i et au ch.

Je vois quelque chose dans l'escalier! --- Est-ce du lait caillé?
1 Il y a un yod dans escalier.
2 On prononce l-i-é.
3 On prononce l-y-é.
4 (N'importe)
La télé demande peu d'efforts, ce qui la rend plus attr___te.
1 ayan
2 aillan
3 aillian
4 (Autre chose)
Pour faire leurs expériences, les chercheurs ont travaillé sur des coba____ et non sur des vola_____.
1 yes, illes
2 illes, illes
3 yes, yes
4 illes, yes
L'innocent était oisif, il passait le plus clair de son temps à ______.
1 bayer
2 bâiller
3 (Au choix)
4 (Selon le sens)


S'il n'en tenait qu'à vous, le son ill aurait-il droit, comme le j, à une graphie bien à lui? Laquelle?
Réaction 42


Pas le j de l'alphabet phonétique, puisqu'il est déjà pris. On pourrait réserver le y à condition de le remplacer par i dans un grand nombre de cas (déjà lys => lis). Cela clarifierait la graphie des mots qui ont un i après un l non mouillé (simple ou double): familier, dentellière, millier... Dans ces cas, on prononce /l/ et on n'a pas de yod, mais ce n'est pas une règle stable. Comparer rallier (/l/) et railler (yod); médailler (yod) mais médaillier (/l/; «fabricant de médailles»). Les noms propres varient indépendamment de leur prononciation. Bouthillier ou Bouthiller, Mailhot et Mailhiot (sans doute yod partout?)

Redoublement du n et nasalisation.

Les autres consonnes liquides redoublent-elles? Le n par exemple?
Le colo__el a voulu se faire photographier devant la colo__ade du Louvre.
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
Pouvez-vous diminuer la réso__ance de la so__erie du téléphone?
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
Un rien faisait bougo___er la matro___e.
1 nn, nn
2 nn, n
3 n, nn
4 n, n
Les violo__istes qui ont exécuté cette fugue avaient un oeillet à la bouto__ière.
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
Il n'est pas nécessaire d'être ratio__aliste pour répondre ratio__ellement.
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
Comme il était prêt à mourir pour défendre sa foi natio__aliste, sa conduite dans le monde déto__ait toujours un peu.
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
Il s'époumo__ait à jouer du trombo__e.
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
Le titre de l'ouvrage est plutôt original: De la pére__ité des papilio__acées.
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
Vous pensiez qu'il y avait un tu__el sous les Pyré__ées?
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
Il suffit d'un bon dictio___aire, et vous deviendrez milio___aire.
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
Une femme enruba__ée descendit dans la cour de l'hôtel brita__ique.
1 n, n
2 n, nn
3 nn, n
4 nn, nn
Réaction 43


Mais d'où proviennent ces redoublements du n? De la voyelle qui le précédait, dans la même syllabe. Elle a changé de timbre. Vers le Xe siècle, le n (ainsi que le m) a commencé à nasaliser la voyelle, en sorte que sont apparues, devant consonne ou en finale de groupe, quatre voyelles ignorées du latin: an, in, on, un. On ne dut même pas chercher de notation nouvelle pour ces sons inédits puisque le n qui suivait la voyelle suffisait à l'indiquer. Toutefois, le n ou le m pouvaient se trouver entre deux voyelles. Dans ce cas, ils devaient conserver leur valeur de consonne. Pour qu'ils puissent tout de même transcrire une nasalisation de la voyelle, il a fallu les redoubler, sur le modèle des mots latins déjà dotés de deux n ou deux m (annum, communicatio). Ainsi bonne, pomme, donner se sont prononcés avec on + n, bien que le latin n'ait eu qu'un seul n. (Ces mots viennent de bona, poma, donare.) De même la plupart des mots à suffixe -on, et il y en a plusieurs milliers, auront tendance à redoubler le n au féminin. Il faut bien prononcer le o nasalisé on suivi du n de la syllabe suivante.

Cette nasalisation, quand elle était suivie d'un e muet (celui du féminin justement), a donné lieu, par la suite, à une dénasalisation, à partir du XVIIe siècle. Cette dénasalisation est encore vivante à l'époque moderne dans quelques liaisons, par exemple dans les groupes vain espoir, plein air, bon ami, mon ami). Les mots en ann- initial ont tous été dénasalisés.

Avant la dénasalisation, la liaison avait donc entraîné un redoublement du n, de façon à marquer d'une part la voyelle nasalisée, d'autre part la consonne de liaison (paysan-ne, an-née, qui s'entendent encore dans le Midi). Par la suite, malgré la dénasalisation (veine espoir, pleine air, bonne ami, /mo/-/nami/) les deux n sont restés dans la graphie de très nombreux mots. Le cas de ennui a été beaucoup discuté par les Académiciens au XVIIIe , certains refusant la dénasalisation et donc un seul n. La prononciation avec an ne l'a emporté qu'au XIXe par suite d'une analogie avec le préfixe en dans enfermer, etc. (N. Catach, Dictionnaire historique de l'orthographe française)

On peut penser que les répondants réfléchissent de façon structurée car la majorité ne redouble le n que là où il y a une raison de mettre deux n (pron. an-nui).

Le redoublement du m provient-il aussi de la rencontre d'un préfixe ou de la dénasalisation d'une voyelle qui s'était nasalisée?
L'affaire était mal e__anchée, mais Son É__inence sauva la situation.
1 m, m
2 m, mm
3 mm, m
4 mm, mm
Cette no__ination a provoqué des réactions inno__ables.
1 m, m
2 m, mm
3 mm, m
4 mm, mm
Å l'actrice qui jouait Macbeth, il rendait ho__age malgré son allure ho__asse!
1 m, m
2 m, mm
3 mm, m
4 mm, mm
Les ma__ifères nourrissent leurs petits à la ma__elle.
1 m, m
2 m, mm
3 mm, m
4 mm, mm
Enfant, il passait son temps à jouer la panto__i__e.
1 m, n
2 n, m
3 m, m
4 (Autre chose)
Il a trop la fle___me pour se hâter.
1 (Rien)
2 m
3 s
4 g
Réaction 44


Vous arrive-t-il de chercher la racine pour résoudre les problèmes de redoublement du r?
Au centre du tableau, des teintes i__idescentes s'i__adient.
1 r, r
2 r, rr
3 rr, r
4 rr, rr
Voilà maintenant qu'il s'est ba__icadé dans sa chambre. C'est encore une des ses idées ba__oques.
1 r, r
2 r, rr
3 rr, r
4 rr, rr
Le cha__on ne fabrique plus de cha__iots.
1 r, r
2 r, rr
3 rr, r
4 rr, rr
Il fallait voir son ma__i prendre de petits airs ma__is.
1 r, r
2 r, rr
3 rr, r
4 rr, rr
Pour déplacer les wagons dé__aillés, il faudrait au moins un de__ick.
1 r, r
2 r, rr
3 rr, r
4 rr, rr
La réponse de la pé__onnelle fut pé__emptoire.
1 r, r
2 r, rr
3 rr, r
4 rr, rr
Quand il entendit tourner la clé dans la se__u__e, son coeur se se__a.
1 r, r, r
2 r, r, rr
3 rr, rr, rr
4 (Autre chose)
Ne te sers pas de té__ébenthine pour nettoyer la te__ine.
1 r, r
2 r, rr
3 rr, r
4 rr, rr
Il faut contester la vé__acité des déclarations de ces commerçants vé__eux.
1 r, r
2 r, rr
3 rr, r
4 rr, rr
Je profitai de l'occu__ence pour me joindre à la chasse à cou__e.
1 r, r
2 r, rr
3 rr, r
4 rr, rr
Quelle bou__asque! s'écria le bou__eau.
1 r, r
2 r, rr
3 rr, r
4 rr, rr
La nou__ice de Gargantua fut bientôt ha__assée.
1 r, r
2 r, rr
3 rr, r
4 rr, rr
Vous nous enve__iez son adresse de cou__iel?
1 r, r
2 r, rr
3 rr, r
4 rr, rr
Å ces fanfa__onnades succéda un grand désa__oi.
1 r, r
2 r, rr
3 rr, r
4 rr, rr
Réaction 45


Comment sortir de ces traquenards inconsistants? Ils proviennent d'un respect scrupuleux des documents écrits (tant bien que mal) dans les siècles passés. À force d'enseigner l'orthographe, on a dû en multiplier les règles. Que ne s'intéressait-on davantage au vocabulaire et à la syntaxe, voire au style! Mais il faut apprendre à écrire à l'école primaire, le «visible» est le plus évident, le plus indiscutable. Il confère une autorité bornée, et la tendance est alors de l'imposer sans rien expliquer. Une prétendue loi graphique a créé et maintenu des incohérences. Aucun espoir d'amélioration? Si : déréglementer; laisser flotter la devise langagière plus librement. Non pas sombrer dans l'anarchie. Il s'agirait d'enregistrer et de diffuser les restructurations qui ne vont pas tarder à se produire selon les strates d'utilisateurs. Les règles artificielles et inutiles ne pourront survivre une évolution collective. En revanche, si les autorités académiques ou scientifiques introduisent des simplifications qui ne sont pas exactement celles de la masse, ces nouvelles règles ne pourront qu'accroître la diversité, et les hésitations.

Aux questions de graphies hétéroclites s'ajoutent celles de vestiges inaudibles. C'est le cas du -x final.

Le x du pluriel.

On sait que le pluriel est en -s mais parfois en -x. Les noms anciens en -al, -ail, font leur pluriel en -aux. Les noms en -au, -eu prennent x au pluriel, sauf landau, sarrau, bleu et pneu.

Ce x final inaudible est une graphie du moyen français pour us. On écrivait chevax ou chevaus. On prononçait a-ous. Depuis le 16e siècle, le s a disparu progressivement de la prononciation. Il était difficile de prendre s comme marque du pluriel au Moyen Age, où le nominatif (cas sujet) singulier en avait un aussi (murs résulte aussi bien de murus, nominatif singulier, que de muros, accusatif pluriel). D'ailleurs, le s et le x sont-ils vraiment des marques exclusives du pluriel? Connaissez-vous des mots qui prennent s ou x au singulier?
Dans la boîte, il y avait des bijou__, des clou__ et des caillou__.
1 s, s, s
2 x, x, x
3 s, s, x
4 x, s, x
Les cou__ s'étirent pour admirer les danseuses qui passent en longues robes, avec des froufrou__.
1 x, x
2 s, s
3 s, x
4 (Autre chose)
Quand on voit ce qui se passe dans nos banli___, on ne peut que frémir.
1 eus
2 eux
3 eues
4 (Autre chose)
Un f____ a pris au cr____ de l'arbre frappé par la foudre.
1 eu, eu
2 eu, eux
3 eux, eu
4 eux, eux
Aux vitres, la glace étincelait comme des crist____ impéri____.
1 als, als
2 aux, aux
3 als, aux
4 (Autre chose)
Jouer Marivaux sans évent____, comment est-ce possible?
1 ails
2 aux
3 eaux
4 (Autre chose)
On dit que la majorité des Orient____ ont une intense vie intérieure.
1 als
2 ales
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Il y eut un rem___ dans l'assistance quand on annonça le poi___ du second boxeur.
1 ous, ds
2 ous, d
3 ou, ds
4 ou, d
Il y a un tel afflu___ de clients vers les stades les jours de rencontre internationales que les taxis sont à l'affû__ de ces occasions pour faire des recettes.
1 t, t
2 x, x
3 x, t
4 t, x
Réaction 46


Discours creux (un --)!

Aujourd'hui, le pluriel est indiqué par l'article ou le déterminant (le / les; ce /ces). Une trace du s peut paraître en début de mot, à la liaison soignée avec l'actualisateur, comme dans zamis mais jamais plus à la fin (des tromperie' inutiles et pas z'inutiles). Le s est donc bien devenu purement graphique. Le x, a fortiori, est une survivance et son inutilité semble d'autant plus patente.

Mais qu'en pensez-vous? Et qu'en pensent nos générations montantes?


QCM  2349                     # 398      |100%              ·
Lot  F3a      Cycle 10         Valide    |   |              ·      333333333
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |            333333333
1*      32      2.54      0.18           |   |    33333333  ·         444444
4       50     -2.89      0.32           |   |3333          ·    44444
3       16     -7.37      0.29           |   |              · 444
2       03      0.00      0.00           |   |            4444
-----------------------------------------|   |         444  ·
Mettez vos sarr____ avant de sortir.     |   |       44     ·
1)     aus                               |   |  44444       ·
2)     eaus                              |50%|44······················111111
3)     eaux                              |   |              ·    11111
4)     aux                               |   |              11111
                                         |   |         11111·
                                         |   |  1111111     ·
                                         |   |11            ·

Réaction 47
Les cégépiens et cégépiennes favorisent la variante avec x (réponse 4, discriminance maximale) même si un tiers, les plus qualifiés, connaissent la réponse la meilleure. Personne n'ose envisager de mise à jour sur une chose aussi enseignée que le x du pluriel! Uniformisation de l'exception enseignée comme règle pour les mots en -al : effet de scolarisation. Et censure indignée des erreurs ignorantines!

Il faut dire que ce x est lié au u et semble donc régulier. Mais d'où vient ce u et même ce trigramme eau? La triphtongue e-a-ou, devenue monophtongue, o ne vient pas du a-u latin, devenu o dès le 5e siècle (aurum - or). Elle vient de e + l + s comme dans bellos. Le è se maintient, le l se sonorise en u et il apparaît un a intermédiaire pour faciliter le passage entre les deux extrêmes è - u. À la finale, sauf devant voyelle (tuyau, gruau), rares sont les mots qui n'ont pas -eau (ils sont régionaux ou empruntés: gluau, tussau). Le troisième sous-groupe tient compte de cette analogie, mais la combine avec x. La variante -eaus n'a aucun succès.

Ça s'écrit sans s'prononcer...

Parmi les subtilités des variantes graphiques prennent donc place toutes sortes de lettres qui ne se prononcent plus depuis dix siècles, mais que les latinistes et les étymologistes se sont plu à sauvegarder (le p de sculpteur). La paresse articulatoire jointe à la tendance naturelle de toute langue vers la simplification ont fait disparaître, entre le 3e et le 9e siècle, toutes les consonnes finales ou presque (d'où l'effacement de la flexion des substantifs). La majorité des consonnes finales sont donc devenues muettes (dais, daim, dalot, damier, danger, dans, dansant, dard, dès...)

Les finales de certains mots posent-elles, en français, plus de difficultés qu'en anglais?
Au relai__, il détacha le mor__ de son coursier.
1 s, s
2 s, (Rien)
3 (Rien), s
4 (Rien), (Rien)
C'est mon to___ de m'attacher à la victoire à tout prix.
1 rt
2 rs
3 rd
4 r
Quand il élevait des po__, sa conversation tournait autour de jambon et bacon.
1 res
2 rs
3 rcs
4 rts
Je me suis servi de ma main comme d'un cl____.
1 amp
2 ampe
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Fermez le flacon. C'est un liquide volat___ et son parfum subt___ se répandrait dans toute la maison.
1 ile, ile
2 ile, il
3 il, ile
4 il, il
Il a parlé des coups de bout___ du nouvel ordre mondial dans son réquisit___ contre la guerre en Irak.
1 oir, oir
2 oir, oire
3 oire, oir
4 oire, oire
Pour construire l' U.D.E.A.C., ils ont fait ____ des égoïsmes nationaux.
1 fie
2 fi
3 fis
4 fit
Réaction 48


En anglais, les consonnes finales se prononcent. En français, c'est pour éviter l'hiatus (rencontre de deux voyelles) que la finale muette ressurgit (elle sourit / sourit-elle) ou que s'élide le e muet, voire le a (la copine / l'amie).

Élision et liaison.

Le e muet d'un mot grammatical ne s'entend que devant consonne (le tamis / l'ami). Il est élidé devant voyelle. Le s du pluriel d'un mot grammatical ne s'entend que devant voyelle (les tamis, les-z-amis). Il n'y a liaison que devant voyelle. L'élision ne se marque pas toujours graphiquement. La liaison ne se marque pas.

Faites-vous vos liaisons? Aimez-vous parler avec distinction?
Comment peut-on aller aussi lentement? Dans cette phrase, entre on et aller, il y a ______.
1 un hiatus
2 un enchaînement (la consonne finale forme syllabe avec la voyelle initiale)
3 une liaison
4 une césure (pause réduite à l'arrêt de la vibration des cordes vocales)
Ses autres adversaires ne le préoccupaient nullement.
1 Prononcer otreza
2 otra
3 (Au choix mais de préférence 1)
4 (Selon le niveau de langue)
Réaction 49


À l'hiatus, préférez-vous introduire une consonne, conserver l'hiatus, ou élider la première voyelle?
Voilà les inconvénients et les avantages que ç__ a.
1 a
2 a l'
3 ' (apostrophe, sans plus)
4 (Au choix mais de préférence 1)
Quoi qu____ fasse, il ne faut pas tenir compte de tout ce qu____ dit.
1 'on, 'on
2 e l'on, e l'on
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Ils s'en iront ailleurs.
1 On coupe entre les groupes: iron - ailleurs.
2 On les lie, au contraire: niron-tailleurs.
3 (N'importe)
4 (Selon le niveau de langue)
Article très en demande.
1 Prononcer comme «Article treize en demande».
2 Non. La voyelle est plus longue que dans treize.
3 Elle est plus courte.
4 Il faut un coup de glotte après treize.
Dans le groupe les amis, _____.
1 il y a enchaînement (une consonne finale forme syllabe avec la voyelle qui suit)
2 il y a liaison (une consonne finale muette redevient audible)
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Réaction 50


Quels sont les e qui s'élident non seulement oralement mais à l'écrit? Doit-on aller jusqu'à tenir compte du mot qui suit?
Tâchons de comprendre le texte tel qu'il est, puisqu__ aucun de nous ne peut se vanter d'écrire parfaitement...
1 e
2 (Apostrophe)
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Il avait l'air de quelq__ important fonctionnaire, de quelq____.
1 ue, un
2 ue, ue un
3 u', u' un
4 (Autre chose)
Dans reviviscent, ___ r et ___ e constituent un préfixe.
1 l', l'
2 l', le
3 le, l'
4 le, le
Il a pris l'avion ____ onze heures.
1 d'
2 de
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Il n'y eut qu'une représentation à guichets fermés __ Oh les beaux jours. Le début ___ Onze heures sonnèrent est angoissant.
1 d', d'
2 d', de
3 de, d'
4 de, de
Voyez les exploits des fantassins ___ Hollande. N'est-ce pas un peuple __ héros?
1 de, de
2 de, d'
3 d', de
4 d', d'
Il veut proposer une étude sur le thème de __ araignée dans __ Enid de Dogson.
1 la, la
2 l', la
3 l', l'
4 l', L'
Réaction 51


Revenons à la liaison. Quelles sont les consonnes qui apparaissent entre deux voyelles qui se heurteraient? Et si c'est le n d'une voyelle nasale qui surgit, s'ajoute-t-il simplement ou bien dénasalise-t-il la voyelle (il est né le divine enfant entend-on chanter, bien que ce ne soit pas une petite fille)?
Il y a cinq ans, il créait un opéra, la Princesse blanche, dont voici ____ extrait. Comment prononcer la liaison?
1 tun
2 zun
3 un
4 (Au choix mais de préférence 1)
Voici les places prévues. Respectez ____ hiérarchie.
1 ma
2 mon
3 (Au choix mais de préférence 1)
4 (Au choix mais de préférence 2)
À qui va-t-on dire : Bo___ anniversaire!
1 n
2 n'
3 nn'
4 nne
Réaction 52


C'est pour éviter une élision que le possessif passe à la forme masculine, qui permet la liaison. Celle-ci est le contraire de l'élision : une consonne de plus au lieu d'une voyelle de moins. On l'appellera donc une contre-élision.

Mais pourquoi mon avec un mot féminin? Les lois de l'euphonie peuvent-elles l'emporter sur celles des genres grammaticaux? On a suivi le modèle des mots en h. Le h aspiré, consonne germanique, arabe, espagnole, n'est pas une consonne française. Elle a disparu progressivement quoique pas encore complètement puisque certains mots en h conservent de cette consonne une trace : l'absence d'élision et de liaison. Comparer : hiver et hibou. On dit l'hiver mais le hibou parce que le h de hibou, même s'il ne se prononce plus, a conservé son effet sur la voyelle précédente et empêche de faire comme si le mot commençait simplement par i. On distingue donc des mots qui commencent par un h aspiré (qui n'est pas aspiré mais qui l'a été et qui en a gardé la marque, ce qui bloque l'élision et la liaison) et ceux qui commencent par un h ordinaire, effacé. Ceux-là permettent l'élision (l'habit de l'hirondelle) comme la liaison (mon habit). Mais que faire de ma hirondelle qui devait s'élider en m'hirondelle? Pour éviter les équivoques de ce raccourcissement excessif, on a cherché à conserver l'allongement, et pour obtenir l'euphonie on a pris le modèle le plus proche, celui de mon habit, même si c'était un possessif masculin! Ainsi arriva-t-on à mon hirondelle! Et la contre-élision s'est généralisée.

Le même type de problème s'est posé avec le démonstratif ce, qui provient de hoc iste en passant par cist et cest. Devant consonne ou h aspiré, les consonnes finales s'amuïssent : ce hibou. Au féminin, cette se maintient : cette hippie (h aspiré). Mais si le h n'est pas "aspiré"? Au féminin, cette hirondelle : rien de particulier mais c'est au masculin cette fois que l'élision menace la consistance des mots et la clarté : dira-t-on ce hiver en faisant une élision (c'hiver)? Il suffisait d'arrêter la chute du t final (cet). Ainsi est née cette forme spéciale de masculin, qui ressemble à un féminin, devant un mot commençant par une voyelle...

Mais n'y a-t-il pas des cas où la liaison introduit des équivoques? Certaines liaisons ne sont-elles pas dangereuses?
Leurs pommes, elles sont à jeter / achetées / tachetées.
1 La prononciation normale des trois phrases est identique.
2 La prononciation est identique pour les deux premières.
3 Identique pour les deux dernières.
4 Une différence audible est réalisable dans les trois cas.
Réaction 53


Elles peuvent produire des équivoques. On a des-z-héroïnes mais on évite des-z-héros, évidemment.

La liaison apparaît ainsi comme une harmonie ajoutée au passage d'un mot à l'autre. Il arrive souvent, en français, que les syllabes chevauchent sur les mots. C'est ce qu'on appelle l'enchaînement des mots dans la chaîne parlée. On dit i-la mais on écrit il a. Entre voyelles, s'il y a une consonne muette, elle reparaît pour faciliter la liaison. On peut aussi insérer un l (devant on) ou un t (devant il ou elle) et les écrire. On définit donc la liaison comme un enchaînement qui fait prononcer une consonne supplémentaire, conventionnelle ou purement graphique. Ex.: C'estimpossible. Onnest perdu. La consonne qui, à la liaison, apparaît ou disparaît s'appelle un glide.

Il suffit d'un accent antithétique avant ou après pour voir apparaître une césure au détriment de la liaison. Ex.: Quand/arrivera-t-elle? Non. C'est/impossible. L'accent antithétique, pour souligner une opposition implicite, a pour effet de supprimer le t de liaison. Il introduit une césure. Il met deux actes de parole dans un même syntagme.

On a vu qu'il n'y avait pas de liaison entre les groupes mais seulement entre les parties de groupe. Celle-ci, et plus précisément tout enchaînement, ne constituerait-elle pas la marque de la cohésion du groupe?
Réaction 54


La liaison est naturelle entre l'actualisateur et le lexème : /lezamis; unautobus; ilzont; nouzavons; ils lèzont; elle ena/. Il n'y a pas de liaison entre le nom et le qualifiant (un débit accru). Ceci est un indice de l'autonomie de l'épithète postérieure, qui constitue donc un groupe syntaxique distinct.

On trouve bien quelques exemples d'enchaînement entre syntagmes dans le style soutenu mais très peu dans la langue courante. Ex.: Ils coururent à perdre haleine, les jambes en sang (/reta/bezen/). En somme, il est permis de considérer la suite sonore des syllabes comme un indice sonore des limites du syntagme (tandis que la césure multiplie les actes de parole).

Les Rectifications.

Avez-vous entendu parler des Rectifications de l'orthographe française? Celles de 1990?
Réaction 55


En voici l'histoire, très brièvement. Les plaintes des instituteurs français touchant les difficultés gratuites de l'orthographe qu'ils doivent enseigner étaient parvenues aux oreilles, non de l'Académie et du ministère mais des linguistes, qui en savaient le passéisme, et l'inadéquation. Un mouvement organisé vit le jour (les 200 signatures) et un comité fut nommé par le Conseil supérieur de la langue française (dirigé par le premier ministre Michel Rocard), en vue de préparer des recommandations adéquates... Les principaux pays francophones étaient représentés à ce comité, avec, bien entendu, l'Académie, et aussi le dictionnaire Robert... mais la véritable spécialiste de ces questions a été Mme Nina Catach, qui animait depuis des années une équipe de recherche du CNRS sur l'orthographe. Elle avait fait faire, par exemple, des relevés de fautes dans des milliers de cahiers d'élèves.

Le 6 déc. 1990, dans le no 100 du Journal officiel, paraissait le rapport de ce comité, rapport qui provoqua immédiatement une levée de boucliers de la part des écrivains, des typographes, des universitaires et même du grand public. On vit jusqu'à l'épouse du Secrétaire perpétuel de l'Académie française, Mme Maurice Druon, citer dans un journal à grand tirage l'attachement indéfectible à l'authentique orthographe de "sa petite crémière". Et le Président, François Mitterand, rangea prudemment le rapport dans un tiroir, se gardant de rien laisser promulguer par son gouvernement.

Depuis, les uns ignorent jusqu'à l'existence du rapport. D'autres, le corps enseignant belge particulièrement, ont adopté les convictions des associations qui se sont créées pour la Nouvelle Orthographe. Ils feignent de croire que le rapport va s'appliquer progressivement et partout. Quelques dictionnaires la mentionnent ou commencent à l'appliquer patiellement et deux revues, l'une de grammaire, l'autre d'intérêt général, s'astreignent à la suivre entièrement.

Voici un aperçu des nouvelles dispositions (qui ne sont donc plus des fautes, mais qui ne sont pas encore impératives). Voulez-vous indiquer les points de la "nouvelle orthographe" qui vous semblent importants?


1.  Trait d'union.  Les numéraux en prennent même au-delà de cent et autour de et.
2.  Pluriel des mots composés.  Il n'est plus tenu compte du sens des éléments.  Ils
prennent s au dernier mot, et seulement au pluriel.  (Exceptions: des prie-Dieu, des
trompe-l'oeil.)
3.  Les verbes qui ont un é accent aigu sur l'avant-dernière syllabe de l'infinitif
changent cet é en è au futur et au conditionnel (alignement sur ceux qui ont un e,
conformément à la prononciation).  De même: puissè-je.
4.  Plus de circonflexe sur i et u, sauf dans la conjugaison (passé simple,
subjonctif imparfait etc.)  Exception: les équivoques (jeûne, dû, mûr, sûr, il
croît).
5.  Les verbes en -eler et en -eter ainsi que les substantifs en -ment qui en
dérivent ne redoublent plus le l ou le t.  Deux exceptions (réclamées par
l'Académie): il appelle, il jette.
6.  Suivi d'un infinitif, le participe passé de laisser reste toujours invariable
(comme fait).
7.  Les mots empruntés aux langues étrangères mais entrés dans la langue française
font leur pluriel en français (raviolis, jazzmans, box)

Réaction 56
Le rapport contient en outre des listes de mots composés qui devraient perdre leur trait d'union (piquenique, croquemonsieur, boutentrain, portemonnaie, tirebouchon, apriori, exlibris, statuquo, baseball, bluejean, cowboy, hotdog, striptease, weekend), des mots où le tréma a été déplacé (aigüe, contigüe, il argüe, gageüre), où l'accent ne sera plus omis (asséner, réfréner, désidérata, média, mémento, référendum, sénior, vadémécum, véto, allégro, braséro, diésel, pérestroïka, péséta, révolver, trémolo), où l'accent a changé (cèleri, crèmerie, évènement, règlementation, sècheresse), des anomalies supprimées (absout, assoir, bonhommie, boursouffler, charriot, combattif, dissout, douçâtre, exéma, imbécilité, innommé, nénufar, ognon, persifflage, ponch, relai, saccarine, ventail; ainsi que joailler, quincailler, serpillère, interpeler, dentelière, lunetier, prunelier.

Y a-t-il ici des changements que vous n'approuveriez pas?

Réaction 57


Au total, 2383 mots du petit Robert sont touchés. Sur quelque 50 000, cela fait 5%. La liste alphabétique en a été dressée par Josette Rey-Debove dans la Réforme de l'orthographe au banc d'essai du Robert, 1991, 78p.

Dans cette liste, chaque terme est accompagné d'un avis favorable, réservé ou défavorable. Il s'agit de prises de position, qui sont expliquées dans l'introduction. À notre avis, ce qui a le plus manqué au Comité pour effectuer un travail cohérent et acceptable dans le public, ce n'est pas tant d'arriver à réduire la diversité des points de vue, même si cette diversité a constamment débouché sur des oppositions, que la Presse étala. Le linguiste sait que toute langue est faite de diversités incontournables. Ce qui a manqué est l'approche multilatérale. Les experts réunis faisaient état de leur expertise, au lieu de s'appuyer sur celle de l'ensemble des usagers, consultable comme dans nos questionnaires expérimentaux, sur échantillons représentatifs. Ce sont eux qui, par leur masse, déterminent les normes et les font évoluer. Mais il faudrait reconnaître la complexité du système, les strates de compétence, la superposition des normes. Une méthode qui pourrait tenir compte de la masse, autrement que pour offrir des relevés de leurs fautes comme s'il n'y avait qu'une vérité en langue, leur faisait tout simplement défaut. Nous en avions tracé les principes, réalisé les logiciels et mis à l'épreuve les algorithmes, cependant. Mais nos travaux, pourtant connus, n'ont pas été pris en considération officielle.

Sur internet, on trouve un exposé très complet des Rectifications à l'adresse : http://users.skynet.be/Landroit/Renouvo/liste.pdf On se souviendra qu'elles suppriment des fautes courantes mais sans s'imposer obligatoirement, donc sans en créer de nouvelles au cas où elles ne seraient pas respectées.

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