Module 7. Pragmatique. Saisir les phrases. 78 interactions. 78 QCM.

Qu'est-ce que la pragmatique?

Avec la pragmatique, vous entrez dans un domaine qui n'est plus exclusivement verbal; moins ardu, apparemment; et qui doit vous être plus familier. C'est le domaine des relations entre personnes, si abondamment illustré dans tant de conversations, de romans, de télé-romans et de films. Combien de façon y a-t-il de dire Je t'aime, ou de le faire saisir?
Réaction 1


Autant que de couples et même de moments dans la vie des couples; ce qui n'empêche pas de tracer des catégories (degré de conviction, d'engagement, de tendresse, de désir, de préoccupation, d'incertitude de la réponse, de séduction, de marivaudage, etc. etc.)

Avec la sémantique, on va de la chose ou du mot au sens; avec la pragmatique, on explore les aspects de la communication entre interlocuteurs; avec la logique (dans un prochain chapitre), on ira d'une idée à une autre.

Bibliographie.

Austin, J.-L. Quand dire c'est faire. (How to do things with words. Oxford. 1962)

François, Frédéric. La Communication inégale. Delachaux et Niestlé. [P37.5 C64F72

Golopentia, Sanda. Les Voies de la pragmatique. Stanford french and italian studies, 51. 1988, 242p.

Lafont, Robert. Il y a quelqu'un. La parole et le corps. Univ. Paul Valéry, 1996, 358p.

Lecercle, J.-J. La Violence du langage. Trad. de l'angl. PUF, 1996. 258p. [P99.4 P72 L4312.

Nysenholc, Adolphe et Thomas Gergely, Information et persuasion. Argumenter. Bruxelles, De Boeck, 1991, 200p. [PC2435N93

Searle, John. Speech Acts. Cambridge Univ. Press, 1969.

Substance. Qualité. Action. Personne.

Du côté des choses (pragma, en grec, veut dire «choses»), on peut, sur le modèle de la grammaire, dans ses catégories lexicales (nom commun, qualifiant, verbe, nom propre), identifier les quatre types de réalités qu'évoquera le message : la substance, la qualité, l'action et la personne. Voyez-vous une correspondance entre la catégorie lexicale et le type de contenu?
"Un enfant est plus qu'un être humain." Dans cette assertion, enfant est une ________.
1 substance (un objet de discours)
2 qualité
3 substance qualifiée
4 personne
Réaction 2


Le mot substance, en pragmatique, ne doit pas être pris au sens physique mais plutôt au sens énonciatif : quelque chose dont on peut parler. Par exemple la timidité, qui est une idée dans "il est timide", devient une substance du fait qu'elle est désignée par un substantif. Quand on dit la timidité, on se prépare à en dire quelque chose. Pour pouvoir en parler, on en fait une sorte de chose, même si c'est au départ une idée dont la forme naturelle est le qualificatif (il est timide). Évidemment, la timidité n'en reste pas moins une qualité (ou un défaut plus exactement) mais puisqu'on en parle comme substance, cela devient une qualité substantivée : l'inverse d'une substance qualifiée (un jeune enfant), où l'on parle d'un objet sous son angle qualitatif. Il y a donc des substances et des qualités, et elle peuvent se combiner, mais ce n'est pas tout.

Il y a bien des objets d'opérations. Pour un aperçu de l'ensemble des opérandes disponibles, consulter la clé des procédés (www.cafe.edu) et cliquer sur opérandes. Mais restons

ici dans les contenus de phrases. Dites seulement à quoi vous pensez.
Réaction 3


Les choses dont on parle se divisent en quatre grandes catégories : objets, idées, actions, personnes. Dans ce système, objet désigne du concret ou tout objet de discours ou de réflexion; idée, de l'abstrait, des caractéristiques, donc aussi tous les attributs, qualités ou défauts; action, tout ce qui se fait, notamment en modifiant les objets, et même en leur donnant la forme d'une idée; et personne, celui qui agit, pense, parle, selon ses intentions, donnant aux objets, aux idées et aux actions la valeur qu'il entend leur donner, pour lui ou pour d'autres. La pratique élucidera ces notions.
"Je ne supporterai pas dans ma maison un enfant turbulent et négligent." Enfant turbulent et négligent est une ________.
1 substance
2 substance qualifiée
3 qualité
4 personne
Réaction 4


L'objet a une substance qui n'est pas le référent tout entier mais l'un de ses quatre aspects, le plus tangible. La qualité fait partie du référent, des contenus possibles, elle aussi : soit comme idée, soit comme sentiment, comme perception ou comme sensation. Il est conforme à la méthode structuraliste, quand on applique un système, de réunir plusieurs choses dans une seule case. Idée, sentiment, perception et sensation sont dans la même case simplement du fait que celle-ci suffit à établir une distinction globale (la qualité) par rapport aux autres cases prévues. On évite ainsi de multiplier les catégories. Mais ne faudrait-il pas opposer diamétralement idée et sentiment?
Réaction 5


Dans le discours, il est courant de les opposer, de dire par exemple que les hommes sont rationnels et les femmes sentimentales... Il y a sans doute des réactions plus affectives ou plus rationnelles que d'autres mais la limite est floue et dépend plus du caractère de la personne que de son sexe.

De la sensation physique à son interprétation (la perception), de là à une réaction de désir ou d'horreur (sentiment) puis à une idée plus abstraite, la transition est fluide, instantanée. Il est commode de rassembler ces quatre aspects dans une continuité à l'intérieur de la conscience du sujet connaissant, la continuité des «qualités».

Simplicité de la structuration du paradigme des contenus de texte : quatre catégories seulement!
"Un homme pauvre intelligent ira plus loin qu'un homme riche imbécile." Identifier les «qualités».
1 homme riche
2 homme pauvre, homme riche
3 homme pauvre intelligent, homme riche imbécile
4 pauvre intelligent, riche imbécile
Réaction 6


La distinction substance / qualité est inhérente à la langue. Comparer C'est un autre et Il est autre. Dans quelle formulation vise-t-on une substance et dans laquelle vise-t-on une qualité?
Réaction 7


L'indéfini autre, actualisé (C'est un autre), désigne une substance; on veut dire que ce n'est pas le même, même s'il est pareil. En revanche, dans il est autre, le même indéfini autre, employé comme qualifiant donc sans actualisateur, veut dire qu'il n'est pas pareil. Concept, alors, et non substance.
Le héros de Beckett, rampant dans une boue gluante, y rencontre ______ qu'il torture.
1 un autre
2 quelque autre
3 quelqu'un d'autre
4 (N'importe)
Réaction 8


Avec même, cependant, il y a équivoque, car on ne peut pas dire :«il est même». On recourt à un qualificatif plus explicite : il est identique. Mais on peut aussi dire, dans ce sens-là, c'est le même. L'expression en est devenue équivoque. Il y a un c'est le même (+ nom) qui est substance (c'est bien lui, aux deux endroits ou aux deux moments) et un c'est le même (+ nom) qui est idée (il est tout à fait semblable).

C'est le même chat qui est venu cette nuit vider la poubelle. Même veut dire _____.
1 que c'est bien lui
2 qu'il est pareil
3 (N'importe)
4 (Selon le contexte)


Y a-t-il un lien entre le type de contenu, qu'on vient de voir, et les éléments de la définition, qu'on a vu au chapitre précédent (genre, différence spécifique, propriété, domaine)? Prenez un exemple de définition et voyez quels types de contenus vous y trouvez. Rien que des qualités?
Réaction 9


Partons de : le feu est un phénomène physique et chimique qui dégage de la lumière et de la chaleur. On fera de phénomène une substance, qualifiée par physique et chimique ce qui donne le générique; qui dégage etc, est la différence spécifique et c'est une action. La définition ne semble donc pas avoir d'avance tel ou tel contenu, d'autant plus que la vedette d'un dictionnaire (le mot autonyme sur lequel va porter la définition) peut déjà avoir son contenu (comme mot lexical) : on peut définir une substance mais aussi une qualité, une action ou une personne. Dans la définition, les éléments jouent un rôle définitoire mais leur nature n'est pas fixée d'avance.

Prenons un exemple dans un texte comme ceux des fiches de votre documentation.
Une technique nouvelle consiste à «conditionner aseptiquement», c'est-à-dire sans la moindre contamination microbiologique, un produit préalablement stérilisé : elle apparaît sur le marché du lait. L.-V. VASSEUR, J.-J. BIMBENET et M. HILLAIRET, les Industries de l'alimentation, p. 39. De quoi explicite-t-on ici les sèmes spécifiques?
1 technique nouvelle
2 lait
3 produit stérilisé
4 conditionner
Réaction 10


Conclusion : tout type de contenu peut servir comme élément de définition. La sémantique et la pragmatique se complètent sans empiéter l'une sur l'autre. Mais à quoi sert la pragmatique? À quoi bon établir la nature des contenus? Cela donne-t-il des classèmes?
Réaction 11


Oui, mais il y a une façon de les réunir qui débouche sur toute la suite des travaux entrepris. En pragmatique, l'énoncé comme tel est déjà fécond. Le classème ouvre sur les variantes, les analogons. Les comparaisons suscitées de cette manière ont une précision et une nécessité sans égales. Non seulement tous les termes de la nomenclature vont trouver par là des définitions qui sont les nôtres, mais les difficultés rencontrées vont faire trouver des hypothèses. Et de ces hypothèses (des questions que l'on se pose, justement quand on croit qu'on n'y comprend plus rien) vont venir de nouvelles lectures qui les confirmeront ou non. C'est le début d'un parcours intellectuel personnel, le débarquement dans un nouveau monde, qui inclut l'autre.

On rencontre d'abord une façon de lire qui débouche sur des fiches doc pertinentes et sur leur traitement possible ultérieurement. Elle consiste à se poser d'avance les questions de possibilités d'énoncés, donc de substances pour les référents, de qualité pour les idées, d'action selon les moments et les lieux, et de personnes selon les initiatives. Échafauder des hypothèses à l'avance, outre que c'est la méthode scientifique la plus recommandée, loin de faire perdre du temps, en fait gagner beaucoup, au contraire. C'est ce qu'on appelle la lecture négative. On feuillette tous ses livres pour trouver des réponses à une question.

Cette lecture est-elle plus active, ou plus rapide, ou plus complète? Procure-t-elle un avantage?
Réaction 12


Elle est moins complète (on ne retient que ce qui répond à son hypothèse) mais plus active, et très rapide (elle rejoint les meilleures méthodes de lecture rapide). En effet, quand on feuillette, il n'est plus requis d'assimiler tout ce qui se trouve dans le texte (comme dans la lecture positive). On se contente de vérifier l'absence de réponse à la seule question que l'on se pose. Mais de parcours en diagonale ne veut pas dire qu'on ne comprend rien puisque, tout à coup, on se met à lire plus attentivement (on peut même prendre intérêt à autre chose que l'hypothèse à documenter). Rien n'empêche de faire alors de nouvelles fiches. La vie de l'esprit est faite d'imprévus. Au moins, de toute façon, on ne s'embourbe pas dans les vétilles ou les subtilités qui nous dépassent (et qui ne préoccupent parfois que l'auteur). Fini le pensum! Plus d'ennui. Et même si la conclusion est : "rien de neuf, rien à signaler", quantité d'avenues se seront profilées. qui pourront se rappeler plus tard à notre bon souvenir.

La caractérisation des contenus de l'énoncé (substance, qualité, action, personne) offre une panoplie d'éventualités pour développer des hypothèses. On en verra plus loin quelques autres, également pragmatiques et pratiques. En réunissant des contenus bien catégorisés, on se prépare des définitions consistantes, sûrement utiles au lecteur futur (pas plus spécialiste que nous). Pragmatique et sémantique renvoient l'une à l'autre.

Les mots lexicaux du texte conduisent donc à des référents qui sont des substances, des idées, des actions ou des personnes, et qui favorisent une panoplie de possibilités à explorer (par les comparaisons entre variantes de même classème).

De plus, ces catégories de contenu ne sont pas seulement utiles pour penser le référent. Elles ne se limitent pas aux mots lexicaux.

Les actes de parole.

Le référent n'est pas toute la réalité, laquelle est bien trop complexe pour se faire enfermer au sens que visent les mots pleins. Les mots se mettent à plusieurs pour former des ensembles organisés, des phrases, plus précisément des unités d'expression : les actes de parole. Ces actes se divisent aussi en quatre types, comme le référent mais il s'agit cette fois de l'acte d'énoncer, donc de l'énonciation.

Par exemple, un acte de parole peut avoir un contenu informatif. C'est fréquent dans les textes écrits. Il établit alors une relation du type idée, qualité. Exemple.
«Nul ne veut le bien public que quand il s'accorde avec le sien.» Que veut dire ici Rousseau?
1 Il n'est pas naturel d'être désintéressé.
2 Le mal est dans la nature de l'homme, qui a besoin de vivre en société pour y échapper.
3 Les hommes ne font le bien que quand ils y sont forcés.
4 La société civile, en créant des lois, peut seule obliger les hommes à faire le bien.
Réaction 13


L'acte de parole «prédicatif» (ou assertion d'idée) contient normalement quelque chose de significatif. Il veut dire quelque chose. Il établit, entre un thème et un prédicat notionnel, une relation dotée d'un minimum d'intérêt. Quand veut-on le bien public? Quand il procure aussi un avantage privé. Deux substances sont mises en relation par le biais du temps. Cette coïncidence est une idée qui touche deux substances (deux sortes de bien). Cette idée est-elle dans l'énoncé? Ou ailleurs?
Réaction 14


Elle est dans l'acte de parole qui établit la relation entre les substances. L'acte de parole centré sur une idée (appelé fort exactement prédicatif) contient deux choses : un thème et un prédicat (voir ci-dessous). Il consiste à dire qqch. (prédicat) de qqch. (thème). Que nul ne veuille le bien public est le thème. Rousseau dit que quand il s'accorde avec le bien privé, alors seulement, on le veut : c'est le prédicat. Ce moment exceptionnel est l'idée prédicative. La phrase est donc informative. Cette idée n'est pas dans un mot mais dans la phrase comme acte de parole. Elle est donc éidétique (ou prédicative).

Il y a quatre actes de parole qui relèvent des catégories de l'énoncé : la constatation (objet); l'assertion proprement dite, appelée aussi prédication (idée), à laquelle on adjoint le jugement (sentiment, proche de l'idée); la narration (action) et l'engagement (personne).
Ton frère a appelé. C'est ton frère qui appelle. Å ce moment-là le téléphone sonne. Il sonne trop fort. Il sonne toujours deux fois. C'est moi qui te jouais un tour. Attribuez à ces assertions un type de contenu.
1 Action. Objet. Action. Idée. Idée. Personne.
2 Objet. Idée. Action. Objet. Idée. Personne.
3 Idée. Personne. Idée. Action. Objet. Action.
4 (Autre chose)
Réaction 15


Combien d'actes distincts voyez-vous dans la phrase suivante?
Ce phénomène démographique a fait monter la valeur des propriétés, ______ qu'une augmentation de population engendre la rareté des terres.
1 due fait
2 due au fait
3 dû au fait
4 du fait
Réaction 16


À ce propos, on pourrait se demander si le fait joue un rôle en pragmatique.

Fait.
" --- Pierre est venu? --- Oui. Les cendriers sont pleins." La dernière assertion est ________.
1 un fait
2 un exemple
3 une illustration
4 un argument
Réaction 17


Ce sont les juristes qui ont le plus développé les types de jugements. Pour eux, il y a des jugements de droit (ce qui doit être, selon la loi) et des jugements de fait (ce qui est, parce que c'est ainsi, indépendamment des lois). Le jugement de fait est-il un acte de parole basé sur un fait? Ce ne serait alors rien d'autre qu'une assertion d'objet : une constatation.
Y a-t-il parmi les assertions suivantes une constatation?
1 Il y a eu un défilé devant le Parlement pour protester.
2 Les expropriés veulent racheter leurs terres.
3 Les contestations sont une conséquence de la faiblesse de nos gouvernants.
4 Il semble qu'on veuille apporter des changements en profondeur.
Réaction 18


Identifier les énoncés n'est sans doute pas difficile mais ne laisse pas de se révéler fort utile au maniement non plus des concepts seulement mais des réalités, des idées, des actions... et des personnes (qui ne devraient pas faire l'objet de manipulations).

Identification des énoncés.
Y a-t-il, parmi les assertions suivantes, des constatations? a) Nous avons appris que l'augmentation du prix du pétrole prévue serait reportée. b) C'est la première fois que le ministère de l'Énergie accepte de fournir des informations sur les nouveaux barèmes prévus pour l'an prochain. c) La cause de la baisse est la chute des cours mondiaux. d) Le ralentissement des augmentations ne réjouit pas du tout le gouvernement, car cela entraîne un ralentissement de ses revenus.
1 a, d
2 b, c
3 b seulement
4 (Autre chose)
Y a-t-il, parmi les assertions suivantes, des idées (et non des constatations, des sentiments, des actions, des engagements)? a) Le mot d'ordre de grève générale semble n'avoir été que partiellement suivi. b) Des groupes de jeunes ont attaqué plusieurs bâtiments publics. c) Ils espéraient bien que les ouvriers se joindraient à eux. d) Les manifestations témoignent clairement du soutien des étudiants à la cause des syndicats.
1 a, d
2 b
3 a, c
4 (Autre chose)
Le train arrive à 16h est une assertion ________.
1 objective, descriptive (une constatation: on dit ce qui est)
2 subjective, effective (un jugement de valeur: on dit comment on voit les choses)
3 d'idée (une explication: on établit une relation)
4 d'action (on dit ce qui est en train de se passer ou de se faire)
Parmi les phrases suivantes, quelles sont celles qui sont des constatations (et non des idées, des sentiments, des actions ou des engagements) (a) Rio de Janeiro est une ville insalubre (b) le train est arrivé à seize heures (c) l'appartement de Louise est plus confortable que celui de Jeanne (d) Michel est installé rue Sherbrooke ouest.
1 b, d
2 a, b, c, d
3 a, b, d
4 a, c, d
Réaction 19


Critère d'identification de l'acte de parole quand il est le véhicule d'une idée : il se prête à un découpage.

Analyse en thème et prédicat.

Nous savons maintenant distinguer 1. le référent (objet, idée, etc. visés dans leur réalité), 2. la notion (idée, connaissance de ces référents, visés dans leur universalité abstraite) et 3. le thème (ce dont on a à parler). Ex. L'occultisme comme référent est un type d'activité. En tant que notion, ce n'est plus que l'idée intemporelle de la chose, son «essence». Et en tant que thème? Est-ce ce dont on parle quand on en dit quelque chose?
On parle de quelque chose. Dans la langue, il doit donc y avoir des éléments qui représentent ______.
1 un thème
2 des interlocuteurs
3 la réalité
4 des idées
Réaction 20


Dans l'analyse en thème et propos (propos est synonyme de prédicat), il importe de bien distinguer l'analyse syntaxique (sujet... objet... par rapport au verbe) et l'analyse de l'énoncé (de quoi s'agit-il... qu'est-ce qu'on en dit).

La distinction est facilement admise en théorie mais plus spécieuse que ne croient certains logiciens car le prédicat de l'assertion n'est pas toujours le groupe du verbe. Ainsi, dans la phrase: Elle est restée hier prononcée avec accent sur hier, le thème est dans le groupe verbal et le prédicat est hier. Le prédicat reçoit un accent dit antithétique ou «intellectuel» sur le lexème qui porte principalement le posé.
"Qu'elle refuse nous fera plaisir." Au point de vue de son sens, une phrase prédicative comprend un thème (ici le refus) et ce qu'on veut affirmer de ce thème (ici nous fera plaisir). Cette seconde partie est appelée ________.
1 l'attribut
2 le prédicat
3 le groupe du verbe
4 le syntagme verbal
Il remplit la boîte, et même la remise. Dans la première des propositions de cette phrase, quel est le prédicat de l'assertion?
1 remplit
2 boîte
3 (Selon le sens)
4 (Autre chose)
"Il faut être sergent pour être garde?" Quel est le thème de cette assertion interrogative?
1 Il faut
2 être sergent
3 pour être garde
4 Il faut être sergent
Réaction 21


Si le prédicat est habituellement dans l'assertion, le thème y est parfois à peine représenté, étant tout entier développé dans le contexte. Trouver le thème, c'est comprendre à propos de quoi le locuteur énonce son assertion (et donc pressentir déjà la direction de son argumentation). Pour trouver le thème, on peut procéder de la façon suivante. On se demande de quelle question l'assertion serait la réponse. Ce qui est dans cette question est le thème. Ce qui est soustrait (le reste) est le prédicat.
"Ils se sont perdus, les idiots" annonça le gardien. Les idiots est ________.
1 une assertion
2 une apposition
3 (1 ou 2 selon le sens)
4 (Autre chose)
Le livre sur Picasso de la collection Time-Life est intéressant parce qu'il est écrit par un journaliste ______ spécialiste de la peinture.
1 qui n'est pas
2 qui est
3 (Selon le sens)
4 (Autre chose)
Réaction 22


L'assertion d'idée contient normalement quelque chose de significatif. Elle veut dire quelque chose. Elle établit, entre un thème et un prédicat notionnel, une relation dotée d'un minimum d'intérêt. Ducrot voit ici une «loi du discours». C'est en effet la structure de toute fonction prédicative. On distingue thème et notion comme le fait déjà le langage courant et il est courant aussi de ne pas aimer ceux qui parlent pour ne rien dire.
________ occultisme se tourne vers les aspects les moins connus de l'être humain.
1 L'
2 Le thème de l'
3 La notion d'
4 (Selon le sens)
Réaction 23


Le référent est là même si on ne le découpe dans le texte...

On sait que les opérateurs sont des mots ou des groupes qui signalent les fonctions énonciatives. Y a-t-il des opérateurs pour le thème de l'acte de parole prédicatif?
Les téléromans se déroulent facilement dans des cadres luxueux. _____ la plus grande partie de la population, le bonheur est ainsi lié à un niveau de vie supérieur au sien.
1 Pour
2 Quant à
3 En ce qui concerne
4 (N'importe)
Pour nos amis, rien n'est trop beau. Analysez pour.
1 Lien syntaxique. Rien n'est trop beau en leur faveur.
2 Lien syntaxique énonciatif. Rien n'est trop beau à leurs yeux ou à les entendre parler.
3 Opérateur énonciatif. Rien n'est trop beau en ce qui les concerne, dans leurs affaires.
4 (N'importe)
Réaction 24


Mais les idées ne sont pas le seul type de contenu d'acte de parole. Quels seront les actes de parole fondés sur des sentiments, pensez-vous?
Réaction 25


Les « jugements». Mais ils sont parfois mal reçus...

Des goûts et des couleurs... Il vaudrait mieux ne pas trop en discuter (selon l'adage : De gustibus et coloribus non disputandum). Certes, à chacun de les gérer personnellement pour sa satisfaction ou en les rejetant. Et mieux vaut les garder pour soi si cela ne fait plaisir à personne. Surtout si ce sont des préjugés. On disait naguère : «Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés» (parole qui se trouve dans les évangiles).

Devrait-on alors s'abstenir de tout jugement de valeur, comme il est recommandé aux journalistes (qui peuvent compenser en étalant des humeurs)?
Réaction 26


Avant de censurer le jugement de valeur, il faut le repérer et le définir, savoir ce que l'on ferait exactement en s'abstenant d'en porter. Le jugement de valeur n'est pas un jugement sur ce qui est mais sur ce qui est préférable. La préférence implique une hiérarchisation (Par exemple, l'homme sera considéré comme supérieur à l'animal, par son évolution). N'empêche que le jugement de valeur reste subjectif (ce qui est une limite, sans doute, mais aussi une qualité nécessaire). Quant au préjugé, il est arbitraire, antérieur au jugement personnel réfléchi.
Dans le Petit Robert, nous lisons, à l'entrée homme: "Etre appartenant à l'espèce animale la plus évoluée de la Terre". Cette définition implique un jugement de ________.
1 fait
2 présomption
3 valeur
4 droit
Réaction 27


Le jugement de valeur est nécessairement suspect? Jusqu'à quel point mérite-t-il d'être retenu et utilisé? Faut-il du moins le détecter, le relever?
Réaction 28


On peut considérer qu'il est préférable de ne pas bannir la valeur mais de la prendre en compte, que même un attachement à la pure objectivité a quelque chose de subjectif, que l'objectivité est un déguisement de l'intersubjectivité car elle tire sa force de l'assentiment général.

Certes, le jugement de valeur comporte des risques, il peut notamment dévoiler des intérêts trop particuliers. Il est donc limité dans son utilisation (il ne peut pas trop se montrer) quoiqu'il reste insurpassable (il livre l'essentiel). Et puis, il est topique (appliqué à un cas concret).

L'importance du jugement de valeur vient de son lien avec chaque personne dans sa liberté, et donc avec tous les sujets, avec le milieu, le public visé, qui le limite et le valorise à la fois. Il rejoint donc l'ensemble des sujets dans l'intersubjectivité. Mais on s'intéressera surtout aux affrontements. Non seulement ceux-ci rendent impossibles les jugements de valeur acceptables pour tous, mais ils mettent chacun à l'épreuve dans ses valeurs. Ils sont le terrain d'élection de chaque prise de parole.

La cause des divergences de point de vue semble surtout la toujours délicate question financière (la valeur... marchande). Mais il y a autre chose. Le plus souvent, on ne se comprend pas parce qu'on ne sait pas de quoi on parle exactement. Les idées flottent dans l'air au lieu de s'appliquer à des cas concrets, plus exactement au lieu d'avouer leur limitation à une personne et à une situation. Mieux vaudrait accepter ses limites quand on parle à d'autres, et ne rien chercher à leur imposer de plus vrai que ce qui est tel temporairement pour soi.

Comment limiter la portée de ses allégations? En précisant le sens des termes? En ayant le référent sous les yeux, en le montrant, en racontant ses expériences personnelles?
Réaction 29


Certes, s'interroger sur le sens que chacun peut attribuer aux mots sera bien nécessaire. Et se montrer sensible aux différences de perception dans l'objet du litige fera faire des progrès aux pourparlers, permettra de rapprocher les points de vue. Encore faut-il que chacun y mette du sien (comme on dit fort justement). Mais le minimum, pour le linguiste comme pour le pragmaticien, dans un acte de parole, c'est que les mots visent des référents connus de part et d'autres et bien identifiés, que les phrases s'appliquent à des contenus expérimentés par chacun des antagonistes. On a le droit de vérifier que chacun attribue aux mots le même domaine et le même statut de réalité. Par exemple, il faut absolument repérer ce qui est à prendre au sens figuré. Il est arrivé qu'un enfant s'empêche de dormir parce qu'il avait entendu dire que quelqu'un "s'est endormi pour toujours". Comment aurait-il pu décoder l'euphémisme et la métaphore?

L'isotopie.

L'isotopie est un concept proposé par A.-J. Greimas dans sa Sémantique structurale. C'est le type de réalité (grec , "lieu") évoqué par l'ensemble des éléments du texte du discours; il y a isotopie (grec , "même") lorsque différents mots renvoient à un même référent. Si la pragmatique veut rejoindre une réalité qui soit la même pour tous les locuteurs, elle ne peut se contenter du thème de l'acte de parole informatif, elle doit aller jusqu'aux référents.

Nous savons déjà distinguer thème et référent. Le thème est l'objet de l'assertion; le référent est ce que vise un mot actualisé. Dans La lune luit, on parle de la lune (thème) et l'article défini nous signale que le référent du mot lune est le satellite de la terre qu'on connaît (d'où l'article défini). Autre ex. Un poète déclame: «Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille». Dans quel environnement l'imaginerez-vous?
Réaction 30


Dans la solitude. Il parle à la douleur qu'il ressent continuellement en lui. En s'adressant à sa douleur, il fait ce qu'on appelle une personnification. Il parle à sa douleur intime comme à une autre personne mais l'isotopie de douleur n'est autre que lui-même.

Plaçons maintenant ce texte dans une autre environnement. Sortons de la solitude poétique. Disons qu'une épouse malheureuse s'adresse à son époux. Elle aussi pourrait avoir envie de dire quelque chose comme: Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi donc un peu tranquille... Mais il n'y aurait plus la moindre personnification: une métonymie de l'effet, plutôt. Le mari, cause de souffrance, est appelé «ma douleur». On a changé de contexte (une épouse au lieu d'un poète) et cela a suffi pour que ce dont on parle, dans la réalité (autrement dit le référent) soit modifié. Il ne s'agit plus de la douleur comme sentiment personnifié mais de quelqu'un qui est une cause de douleur. Le texte n'a plus la même isotopie.

Comprendre demande de réunir les référents possibles pour chaque mot et de chercher un ensemble référentiel commun, et qui convienne au type d'acte de parole; c'est donc trouver l'isotopie du texte.
"Maître et serviteur" se dit-elle, hochant la tête avec amertume, tandis que son fils s'éloignait...
1 Il s'agit de deux personnes distinctes (son fils, par exemple, est traité comme un serviteur par son associé).
2 Elle parle d'une même personne qui présente à la fois ces deux comportements.
3 (Selon le contexte)
4 (Autre chose)
Vous surprenez la conversation de la table voisine: --- Je vais t'ajouter la tête de Yolande. Qu'allez-vous imaginer?
1 Qu'ils ont coupé la tête à une certaine Yolande.
2 Qu'ils se partagent un héritage dans lequel figure une oeuvre d'art représentant Yolande.
3 Qu'ils font glisser d'une assiette à l'autre une tête de lapin dont Yolande ne veut pas.
4 (Selon le contexte)
Réaction 31


Nous pouvons maintenant donner une définition vérifiée sur pièces de l'isotopie. C'est, en pragmatique, un environnement imaginé qui maximise la vraisemblance significative.
Un poète persan en exil écrit: "Le vent du détachement des choses terrestres soufflait tellement en ce lieu Que le ciel en avait la voûte brisée." (Attar) Quelle est l'isotopie du texte? (Isotopie: type de réalité évoqué par l'ensemble des éléments du texte du discours; il y a isotopie lorsque les mots renvoient à un même référent.)
1 Le vent
2 Le détachement
3 Les choses terrestres
4 Ce lieu
Nancy, Américaine qui a passé une partie de sa jeunesse en France, publie un essai de jurologie. En voici la dédicace: "Ce livre est dédié à mes deux mères, sans les langues de qui je n'aurais jamais pu l'écrire". Qu'est-ce que cela veut dire?
1 Deux mères successives, qui l'ont élevée, lui ont fourni l'occasion de réfléchir sur un thème comme le juron, qu'elles pratiquaient.
2 Deux personnes, l'une francophone, l'autre anglophone, lui ont appris à s'exprimer car elles avaient, comme on dit, la langue bien pendue.
3 Les deux mères représentent la nation américaine et la nation française, les langues sont l'américain et le français.
4 (Toutes ces explications sont possibles.)
Vous lisez dans un encart publicitaire: "Répondez aujourd'hui même et nous vous enverrons une offre spéciale de rabais vous permettant d'économiser 280 $ à l'achat d'une somptueuse batterie de cuisine en cuivre de 32 pièces. En plus, vous recevrez d'autres articles d'une valeur de 85 $. Tout cela pour 29,95 $ plus les frais de port et d'emballage." Que concluez-vous?
1 Que vous allez recevoir une batterie de cuisine de 280 $ pour 29,95 $ plus les frais.
2 Que le coût réel de la batterie de cuisine n'est pas signalé et que vous allez recevoir un bon de rabais.
3 Que vous allez recevoir pour 365 $ d'articles en cuivre pour 29,95 $ plus les frais.
4 Que cette offre est trop alléchante pour être honnête mais que le texte de l'annonce ne vous permet pas de savoir ce qui cloche.
Sur un mur de salle d'attente: "Quitta la mort pour aller regarder les millions de nuits possibles." Quel contenu cette phrase peut-elle avoir?
1 Elle évoque l'épitaphe d'un suicidé.
2 Allusion ésotérique et même mystique.
3 Un échec a donné à l'auteur l'envie de comprendre tous les autres échecs possibles.
4 Phrase poétique au sens incertain (un flou poétique).
Réaction 32


L'isotopie met en relation les quatre coins du trapèze sémantique!



Organisation mentale. Espace mental.

Sens, réalité, notion, contexte, thème, prédicat... Tout cela entre en danse et joue son rôle et s'articule de façon complexe mais pas du tout quelconque. Normal! Il s'agit de donner leur place à de nombreux paradigmes, à commencer par un sujet qui dit je, une personne qui veut saisir. C'est elle qui conçoit et qui organise (au plus court, par économie) ses mots et ses phrases, dans la situation.
Uriel revient d'une consultation médicale. --- ç'a été vite? --- Oui. Il n'y avait personne. Mais tout le monde était là!
1 Contradiction.
2 Erreur de langage. Il aurait fallu dire: «Sauf le médecin et son secrétaire.»
3 Procédé expressif: alliance de mots incompatibles (oxymore).
4 Glissement d'espace mental.
Réaction 33


Définition Espace mental: «Dans une isotopie, perspective particulière permettant d'attribuer à l'assertion une valeur référentielle plus précise». Ex. Brigitte est une sorcière (en fait, elle est ravissante mais, dans ce film, elle joue un rôle de sorcière).

Remarque L'espace mental est toujours un ensemble référentiel implicite. On comprend que tel concept doit s'entendre par rapport à tel ou tel ensemble.
Un des avantages de cette candidature, c'est que Mme Chanadi est polyglotte. C'est aussi une femme. La dernière remarque ________.
1 implique que les autres employés sont des femmes
2 implique que les autres employés sont surtout des hommes
3 (Selon le contexte)
4 est superflue puisqu'on a dit Madame
"Je ne comprends pas les Anglais, dit Alphonse Allais. Tandis qu'en France, nous donnons à nos rues des noms de victoires: Wagram, Austerlitz, etc., là-bas, on leur donne des noms de défaites: Trafalgar square, Waterloo station."
1 Curieuse mentalité, il est vrai.
2 C'est à Allais que quelque chose échappe.
3 Tout est toujours une question de point de vue, évidemment.
4 Simulation.
--- C'est le dernier de tes avant-derniers cours. --- C'est mon avant-dernier cours, oui. --- C'est le dernier cours de ton avant-dernière semaine. Ce petit dialogue de l'assistante et du prof ______.
1 est du charabia (l'assistante ne s'exprime pas assez clairement)
2 est tout naturel (les deux sont d'accord)
3 dénote un malentendu
4 montre la première rectifiant son erreur
Les ingrédients de la cuisine préhistorique? Du laurier, des feuilles de châtaignier... Tout ce qui est sauvage!
1 Bien vu. Les fruits et légumes cultivés n'existaient pas.
2 Optique de «civilisé». Rien n'était alors «sauvage».
3 Faux. Les condiments sont dans la nature, aujourd'hui comme alors.
4 Commode mais naïf.
Y a-t-il plusieurs univers?
1 Un seul, par définition.
2 Autant que d'êtres conscients.
3 (Difficile à savoir)
4 (Selon le sens)
--- La cheminée, quand est-ce qu'on la ramone? --- Tout de même pas avant le déjeuner! --- Après, en tout cas. --- Si ce n'est pas avant, ce sera sûrement après. Ce dialogue ________.
1 tourne en rond (les interlocuteurs ne parviennent pas à aborder leurs points de divergence)
2 tourne rond (ils se mettent d'accord pour ramoner dans l'après-midi)
3 est inutile (on parle pour parler)
4 est normal
J'ai décidé de te quitter et d'aller travailler. Cette déclaration semble impliquer ______.
1 qu'ils ne se séparent que pour quelques minutes
2 qu'ils se séparent pour quelques jours
3 qu'il ne se reverront plus
4 (Selon le contexte)
"Son intervention m'a étonné." Qu'est-ce qui m'a étonné?
1 Ce qu'il a dit.
2 L'activité qu'il a exercée (son aisance, sa vivacité d'esprit).
3 Le fait qu'il soit intervenu.
4 (Selon le contexte)
Réaction 34


La fonction du contexte dépend de la catégorie de l'énoncé. À des constatations, le contexte fournit des circonstances (temps et lieu). À des idées, il donne un thème (reprenant une constatation implicite). Au niveau des actions, il donne le possible ou le vraisemblable, les conditions concrètes de l'effectuation. Enfin, au niveau de la communication interpersonnelle, il fournit des intentions (lisibles dans les actions implicites). Les quatre étapes de l'énoncé ont donc une base contextuelle.

Le « statut de réalité».

Une phrase peut présenter son contenu comme réel, comme théorique ou imaginaire, comme inverse au réel malgré les apparences, comme simple citation. Quand les apparences et la réalité cessent de coïncider, les obligations ne peuvent garder toute leur emprise.
a) Il n'est pas millionnaire b) mais il se croit défavorisé. Quel est le statut des propositions a) et b)? En a), le contenu de l'énoncé est donné comme ______; en b) comme ______.
1 réel, imaginaire
2 réel en apparence seulement, textuel (on rapporte les propos de qqn)
3 textuel, réel en apparence seulement
4 imaginaire, imaginaire
Un homme qui s'est habillé en femme devrait aller dans les toilettes des femmes. Non?
1 Non. Ce serait inconvenant.
2 Oui. Ce serait plus prudent, si l'on ne veut pas se faire remarquer.
3 Aucune importance.
4 (Autre chose)
Réaction 35


La narration.

Le contenu de l'acte de parole est à considérer comme une action lorsque l'intention du locuteur est d'exprimer qu'il se fait, qu'il se fit ou qu'il se fera quelque chose L'analyse de l'action se fait en considérant un avant et un après (problème et solution) ainsi qu'un degré de réussite (échec ou succès, malheur ou bonheur).
On lit dans une présentation de film: «Enceinte de son premier enfant, Emma apprend qu'elle a un cancer du sein.»
1 Situation initiale.
2 Double action, préliminaire.
3 Premier élément de l'action, avantageux; second élément, malheureux.
4 Situation initiale et premier élément d'action, malheureux.
Ils vécurent trois ans ensemble et ils se marièrent. Pourquoi le sens est-il si différent quand on inverse l'ordre des propositions?
1 Parce que le et n'est pas simplement logique.
2 Le et coordonne des événements.
3 La logique ne s'applique pas aux phrases non prédicatives.
4 (Autre chose)
Réaction 36


Les modalités interpersonnelles.

Que trouve-t-on si on examine les actes de parole du point de vue des personnes? Des interlocuteurs!
Voici quatre phrases ou l'équivalent. --- J'en ai marre. --- Hello. --- Merde! --- Coucou. Par combien de personnes différentes pourraient-elles être prononcées?
1 A, B, C, D (Quatre personnes différentes)
2 A, B, A, B (Dialogue)
3 A, A, A, A (Une seule et même personne énonce les quatre d'affilée.
4 (1, 2 et 3)
Réaction 37


On se souvient que c'est par le biais des connotations et jugements de valeur que peut se déceler la présence de sujets dans les textes apparemment objectifs. On voit ici que quantité d'attitudes qui accompagnent habituellement certaines répliques mettent en jeu des sentiments mais aussi des sujets, dressés parfois l'un en face de l'autre. Y a-t-il des sentiments spécifiques aux interactions?
De quel type d'assertion s'agit-il? Tu peux compter sur moi. Je t'attendrai à l'aéroport.
1 Un jugement de valeur.
2 Une explication.
3 Une action.
4 Une modalité interpersonnelle.
Réaction 38


Dans les modalités interpersonnelles, on distingue l'illocutoire, qui vise un effet direct sur l'interlocuteur (ordre, prière) et le perlocutoire, par lequel on cherche à donner une certaine image de soi. Cela correspond à peu près au pathos et à l'éthos des rhéteurs. (Plus de détails au chapitre 11, psychologie).
Quand l'automobiliste américain rencontre, à un croisement, la flèche caractéristique du sens unique, il décode le signal en tant ________.
1 que perlocutoire
2 qu'illocutoire
3 que locutoire
4 (Autre chose)
Å un créancier auquel il a déjà plusieurs fois fait faux bond, Nicolas, surpris dans un café, jure: Que je me casse le cou si je ne te remets pas tout ton maudit argent dans un mois! Cette malédiction proférée contre lui-même est ________.
1 une menace indirecte
2 un acte illocutoire
3 un acte perlocutoire
4 (Autre chose)
Réaction 39


La conversation (comme genre littéraire) n'est-elle pas le lieu idéal des modalités interpersonnelles?
Réaction 40


Les échanges conversationnels sont les moments privilégiés des actes centrés sur la personne. Ils placent les interlocuteurs en position alternée et complémentaire. La progression se fait à deux ou plusieurs, selon celui qui veut prendre la parole. Les conversations ménagent naturellement une place à la recherche intersubjective. «Il faut que leur déroulement ait le pouvoir de me lancer à mon tour vers une signification que ni lui ni moi ne possédions.» (M. Merleau-Ponty)

Le perlocutoire.

La position respective des intervenants, en dialogue, a fait l'objet d'un examen attentif. Deux personnes qui ne se connaissent pas ne peuvent entreprendre de communiquer sans avoir fixé implicitement un type de relation : égalité, infériorité ou supériorité. Ensuite, il y a des artifices de manipulation réciproque... Il apparaît alors que c'est par l'intermédiaire ce que chacun offre et attend en retour qu'il se fait la victime, ou l'exploiteur, ou les deux à la fois.
Ex. Il aurait pu, le freluquet de Queneau dans ses Exercices de style, au lieu d'injurier son bourreau, s'adresser à lui noblement, et dire : Pensez-vous qu'en vous demandant d'éviter mes pieds je n'avais pas pour premier mobile de préserver le lustré de mes vernis noirs?


S'étant assuré ainsi d'une supériorité énigmatique, le jeune homme dégage autour du grossier personnage qui le maltraite un espace de pensée où ils vont pouvoir désintriquer le noeud de leur relation mal entamée. Tant que règne la confiance, on pense que l'avenir ne peut que continuer sur la bonne voie, mais dès qu'un nuage l'a détruite, aucun effort, à moins d'être réciproque, ne peut restaurer l'atmosphère.

Comment se fait-il qu'il soit impossible de rejoindre dans l'autre une objectivité minimale qui semble pourtant, aux yeux de chacun, évidente, élémentaire? C'est que l'idée que chacun peut se faire de l'autre ne peut se partager pleinement que par une sorte d'illusion répercutée. Vite amplifiée, la moindre fêlure la réduit à rien. On ne reçoit que des sentiments échangés simultanément. Les consciences ne sont pas des objets, des idées ou des actions, mais comme les parois de cristal de deux univers. Est-ce que c'est cela que la pragmatique désigne du nom de perlocutoire?
Réaction 41


Exactement. Le préfixe per veut dire «à travers». On parle en se voyant à travers la personne à qui l'on pense et elle se voit en nous. Le perlocutoire est un jeu de miroir. Dans ce type de communication empathique, les interlocuteurs découvrent que leurs visions ou leurs volontés subjectives sont plus ou moins compatibles, par un effort réciproque occasionnel. C'est le cas dans tous les types de relation où il intervient de l'amour ou de l'amitié.

Ainsi la dimension interpersonnelle apporte-t-elle à l'acte de parole une valeur qui n'est plus simplement locutoire ou illocutoire, mais qui vise en autrui l'image qu'il peut avoir de nous.
«Ce n'est pas parce qu'on est marié qu'on doit s'ennuyer ensemble.» On dit cela pour défendre _______.
1 le mariage
2 le droit de s'amuser entre époux
3 le fait de s'amuser au dehors
4 (Selon l'intention)
Le patron s'étend dans ses explications. Ce qu'il raconte maintenant, non seulement vous le savez mais vous savez qu'il sait fort bien que vous le savez ... Alors? Comment faut-il comprendre son attitude?
1 C'est de la distraction.
2 Il s'efforce de jouer un rôle.
3 Il doit y avoir là quelque ruse de sa part.
4 (Autre chose)
Réaction 42


Si le perlocutoire est un jeu de miroir infini, domaine de prédilection de grands romanciers comme Dostoïevski, Robert Musil, Proust, Claude Simon, Nathalie Sarraute et Gombrovicz, ce n'est pas lui - il est trop littéraire pour cela - mais le performatif, qui a donné à la pragmatique son statut de discipline scientifique nouvelle.

Le performatif.

La pragmatique a pris conscience de son existence comme branche complémentaire de la linguistique et de l'analyse littéraire, avec la découverte du performatif par Austin dans son livre Quand dire c'est faire (How to do things with words, Oxford, 1962).

Selon sa définition, un énoncé est performatif quand il accomplit l'action qu'il dit, comme dans "Je jure..." au tribunal ou "je promets..." quand on veut s'engager par une promesse. L'illocutoire l'englobe, s'occupant de tout ce qui, dans le langage, a un effet sur l'interlocuteur. «Fermez la porte?» Ordre, demande, simple suggestion... Mais le performatif a une propriété : ce qu'il accomplit est accompli du seul fait de son énonciation. Il faut pour cela un consensus culturel et presque un contexte institutionnel.
Austin voit cinq catégories de performatifs: les verdictifs comme évaluer, établir, décréter, apprécier; les exercitifs comme nommer, excommunier, exhorter, ordonner; les promissifs comme promettre, envisager de, parier, consentir; les comportatifs comme s'excuser, remercier, congratuler, boire à la santé de; les expositifs comme affirmer, décrire, commencer par, conclure, formuler.
Et On voit que la frontière entre performatifs et non-performatifs n'est pas tranchée et peut dépendre du contexte. Le performatif est moins un phénomène linguistique que social.


En quoi les catégories d'Austin peuvent-elles intéresser l'activité du rédacteur de textes?
Réaction 43


Il s'agit de comportements dans le langage, donc il suffit qu'un personnage prenne la parole pour que ces catégories puissent s'appliquer. Elles auront sans doute moins d'importance dans la préparation de la dissertation, mais elles referont surface dans le chapitre de psychologie et dans la composition proprement littéraire.

Si l'on se tourne du côté des religions, on rencontre, dès la préhistoire, des paroles magiques, envoûtements, exorcismes, sacrements qui réalisent à l'état pur la définition du performatif comme effectuation de l'énoncé. Et la création du monde comme la raconte la Bible : "Dieu dit : Que la lumière soit. Et la lumière fut." ne serait-ce pas du performatif?
Réaction 44


Si tout le monde jouissait du pouvoir de création, nos paroles suffiraient à modifier le monde au fur et à mesure, ce qui faciliterait sans doute la vie courante mais pourrait avoir des conséquences excessives lors des conflits. Sans doute faut-il se réjouir que le performatif reste d'un usage limité. Quand le mage prononce ses formules, ou le prêtre les paroles sacramentelles (l'absolution des péchés au confessionnal par exemple), il y a institutionnalisation, ritualisation, à la limite cela devient de la superstition (si la formule est prise comme cause efficace, qu'il suffit de la prononcer). On voit ici comment l'acte et le texte peuvent se souder dans l'esprit de la collectivité, indépendamment de la sincérité des personnes. Quelle serait encore la valeur d'un performatif religieux totalement ritualisé?
Réaction 45


On peut penser qu'elle serait réduite à rien, ou peu de chose. Il est naïf de croire que la récitation de formules va lier la puissance d'une divinité, quelle qu'elle soit. Et il serait minable de la part d'une puissance quelle qu'elle soit de rabaisser les consciences à une telle servilité. Mais la question déborde du cadre de ce cours et touche à une théologie (étude du divin). Du moins permet-elle ici de signaler qu'un texte ne peut pas être absolument performatif, et que son effet dépend d'une sorte de connivence entre auteur et lecteur. Insister sur le texte seul le rend opaque. L'acte créateur s'établit d'emblée dans une co-présence implicite.

Lié au passé par sa forme et son contenu, le texte les renouvelle par l'intention qui peut animer l'emploi des formules.

Que peut fournir la pragmatique au rédacteur de texte? Il lui importe de pouvoir identifier et mettre en oeuvre les différentes fonctions de l'acte de parole.

Les fonctions énonciatives.

La principale consiste à présenter un énoncé... On la dit référentielle ou prédicative, mais ces deux termes sont approximatifs. Le référent étant dans le réel environnant, il y a une fonction énonciative qui le concerne parce qu'elle y renvoie: c'est la fonction de situation (V. ci-dessous). Quant au prédicat, lui, il entre dans les énoncés prédicatifs. Il importe, si l'on veut clarifier le problème, de distinguer l'information de la narration, de la constatation, de l'illocutoire, etc. Or les logiciens s'arrangent pour ramener toutes les phrases à des assertions prédicatives. Cela complique leurs analyses en thème et prédicat! Ne faut-il pas distinguer différentes «fonctions énonciatives»?
--- Comment va Philippe? --- Pourquoi devez-vous me parler de Philippe? Une telle réponse s'applique à l'aspect ______ de la question.
1 prédicatif
2 locutoire
3 illocutoire
4 perlocutoire
Réaction 46


Certes, mais la première chose dont il faut s'assurer est le découpage en actes de parole et leur attribution à un locuteur déterminé.
Marguerite Yourcenar a intitulé son dernier livre Quoi? L'éternité.
1 Il s'agit d'une question, suivie de la réponse.
2 Il y a deux phrases mais un seul locuteur.
3 Une seule phrase, formée de deux assertions.
4 Une assertion.
Réaction 47


Beaucoup de figures de style jouent sur les fonctions énonciatives. On peut aller jusqu'à les mettre en contradiction avec l'énoncé lui-même.
Quelqu'un a mentionné, monsieur Laurin pour ne pas le nommer, que les frais d'avocat avaient été couverts par une ambassade. La remarque soulignée est ______.
1 absurde (on le nomme)
2 logique (on pourrait ne pas le nommer)
3 une sorte de mise en évidence
4 double (on dit à la fois qqch. et le contraire)
Réaction 48


La figure qui consiste à dire qu'on ne dira pas... ce qu'on dit, a reçu le nom de prétérition.
Madame reçoit. Son mari arrive en retard. Elle le lui reproche devant les invités, à différentes reprises. A la fin, il explose: "Tu l'as dit déjà plusieurs fois. Je ne sais pas si tu me prends pour un imbécile, mais..." La phrase soulignée ________.
1 est une injure qu'elle lui fait
2 est une récrimination (il l'accuse à son tour de l'avoir injurié implicitement)
3 exprime un excès d'émotion
4 est une ruse car il ne s'est ni excusé ni expliqué
Réaction 49


Il arrive souvent qu'on dise le contraire de ce qu'on pense, uniquement parce qu'on croit que l'interlocuteur pense qu'on devrait dire cela (comme les étudiants qui répondent suivant les marottes du prof.)

Ces figures jouent sur la dimension perlocutoire puisqu'elles concernent ce que peut se représenter un interlocuteur visé, ce que le locuteur pense que l'interlocuteur va penser, le jeu de miroir de deux consciences en présence. Une simple intonation peut suffire. Ex. Ah oui oui... prononcé d'une traite = «Ne crois pas que je n'étais pas déjà d'accord avec ça».
"Il lui arrivait de recevoir des réponses à des lettres qu'il n'avait jamais envoyées" (Y. Villemaire). Dans cette phrase, seule la fonction ______ semble présente.
1 émotive
2 conative
3 métalinguistique
4 référentielle
Réaction 50


La contradiction est ici dans l'énoncé lui-même, dans le fait rapporté, non entre l'énoncé et son énonciation.
"Connaître les lois et les règlements Pour mieux connaitre ses droits... Et ses obligations" (Publicité du gouvernement du Québec) Ce texte a surtout une fonction ______.
1 phatique
2 prédicative
3 conative
4 (Autre chose)
Réaction 51


La fonction phatique ou "de contact" est celle qui entretient l'échange. Jakobson appelle "conative" la force illocutoire. Ici, on aurait pu penser que s'il s'agit du Gouvernement et de lois, il y a exercice d'autorité donc injonction (force illocutoire); mais le ton et le tour de phrase évitent justement cet aspect et tentent de montrer au public que c'est à son avantage qu'il y a certaines lois. Information plus que conseil, par conséquent, même si la situation entraîne le contraire.

«Question» ou «demande»?

Ce qui est dit n'a pas autant de sens, ni le même, que ce qui est communiqué par le seul fait de l'avoir dit (à telle personne, à tel moment, sur tel ton). On distinguera donc l'énoncé et l'énonciation. L'acte de parole ajoute du sens à l'énoncé.
Ils veulent se rendre à la campagne. GINA: --- Est-ce qu'on pourrait prendre ta voiture? ABDEL: --- Volontiers! Cette réponse montre qu'Abdel interprète la phrase de Gina comme ________.
1 une demande (es-tu d'accord?)
2 une question (est-ce une chose possible, à ton avis?)
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Réaction 52


La forme interrogative véhicule la demande d'information (question). Elle peut aussi se prêter à la fonction phatique (maintenir le contact verbal) ou injonctive (transmettre un ordre).

Dans de nombreux contextes, s'il ne s'agit pas d'une demande d'information, ce sera une demande d'intervention (action) ou d'engagement (personne).

La fonction émotive, ou «expressive».

L'expressivité dans le langage consiste à mettre des connotations qui font de l'effet, en exagérant un peu, comme font notamment les auteurs réalistes et naturalistes (Balzac, Flaubert, Zola), qui s'attachent comme certains classiques à peindre et faire voir. Mais comme fonction pragmatique, l'expressivité consiste aussi à laisser le je donner libre cours à sa propre idiosyncrasie, comme feraient plutôt les romantiques (Chateaubriand, Rousseau, Hugo).
Un conjoint trahi: "Moi, te faire des reproches? Pourquoi? J'ai mieux à faire..." La fonction qui prédomine est ______.
1 phatique
2 référentielle
3 conative
4 expressive
Le patriarche de la famille, 94 ans, déclare, au sujet de sa belle-soeur: «Elle est encore jeune, seulement 89».
1 Ironie.
2 Sénilité.
3 Naïveté.
4 On se prend soi-même comme règle.
Réaction 53


La fonction émotive est centrée sur l'attitude du locuteur; elle est accentuée par l'exclamation. Elle est parfois très implicite, se décodant par une mise en situation.
Vous lisez sur un formulaire signé: "Je déclare que tous les renseignements fournis dans ce formulaire sont vrais et je fais cette déclaration sachant qu'elle a la même force et le même effet que si elle était faite sous serment en vertu des lois en vigueur." Vous pensez que la personne qui a signé ce formulaire ________.
1 ne s'engage en rien car ce ne sont pas ses paroles
2 est l'auteur
3 est le locuteur
4 assume le je même s'il n'est ni l'auteur ni le locuteur
Réaction 54


Il y a donc lieu de distinguer quelquefois locuteur, auteur, traducteur, narrateur (fictif)...
On lit dans un texte de fiction: "Les piranhas de l'Amazonie peuvent dévorer un cheval tombé à l'eau en 4,3 secondes. Je marche." Celui qui marche est ici ______.
1 le lecteur
2 l'auteur
3 le personnage qui prononce cette phrase
4 (Selon le contexte)
Réaction 55


La place des actants de l'énonciation (auteur, lecteur, personnage) varie suivant les intentions des personnes réelles. Le lecteur peut penser qu'on a écrit pour s'exprimer, pour peindre un tiers, ou pour qu'il puisse s'identifier au personnage.

Même si le je ne s'exprime pas directement, il est là, plus ou moins loin de la surface du texte même le plus transparent. Du reste, le je qui s'exprime peut aussi être un énonciateur intermédiaire et fictif, de façade. Il devient possible alors de distinguer des couches dans l'inconscient du je, même implicite. Celles de la psychanalyse: le moi, qui prend position parmi des égaux (retenir ego = égaux) et qui est l'arbitre du ça (les pulsions sans retenue, tous les vices, la spontanéité de la vertu) d'une part et du Sur-moi, image de soi que l'on veut projeter pour se protéger, Tout-Puissant dominateur dont on cherche à se concilier les faveurs...
Gérard s'épuise à courir vers un lieu «de perdition». J'irai... jusqu'à... qu'est-ce que... tu vas... faire là... pauvre fou... pauvre fou...
1 Monologue.
2 Dialogue intérieur.
3 Passage d'une vision intérieure à une vision extérieure.
4 Découverte d'une voix pour le ça, le moi, le Sur-moi.
Réaction 56


La question plus générale à laquelle tente de répondre la psychanalyse est, comme l'a montré Lacan : «D'où ça parle?» Qui (en moi) dit je? Influences parentales, modèle fondateur, comportement de groupe, initiative autarcique ou désinvolte...

Non seulement le discours mais toute la relation à autrui, la communication au sens large, est tributaire de la notion de sujet. Parfois, on ne comprend rien aux autres parce qu'on les voit de l'extérieur. Dans son roman, les Identités meurtrières, Amin Maalouf explique par là les racismes, les préjugés nationalistes, les préjugés sociaux. Mais on ne comprend rien non plus à soi, qu'on voit pourtant, si l'on peut dire, de l'intérieur, qu'on sent, plutôt, mais qu'on ne peut pas voir comme nous voient les autres, puisqu'on est par exemple incapable de reconnaître le son de sa propre voix (enregistrée), comme le souligna André Malraux (mais qui n'en fait pas la découverte?)

Pourra-t-on mieux se comprendre si l'on tente de se voir de l'extérieur (du point de vue des autres, terriblement réducteur) et également si l'on cherche à sentir les autres de l'intérieur (endopathie), en essayant de se mettre à leur place (mais pas totalement, pas au point de se nier soi-même comme les héros paumés d'Yvon Deschamps)?

On retrouve ici une vision analogue à celle de la psychanalyse. Il est tenu compte des couches de l'inconscient freudien : un ça aveugle et intérieur, un Sur-moi extérieur qui veut s'imposer. Et une solution à chercher dans le soi (qui dit je et dispose de sa liberté).

Un fondement métaphysique est envisageable, pour qui s'intéresse à la philosophie. La totalité de l'être est sans contrepartie (le néant est inexistant). Tout être a sa place dans une présence, immédiate, par sa participation, libre et gratuite. Se réalisent ainsi un grand nombre de personnes, progressivement, par leurs durées entrecroisées, dans leurs limites sensibles. La communication trouve alors son fondement dans une communion intérieure, chantée par les poètes romantiques, théorisée notamment dans les idéologies ésotériques et dans quelques courants de pensée religieuse (celle des monastères de diverses confessions). Un philosophe français du XXe siècle propose une dialectique qui cadre avec ces approches. Il fait interagir sans les dissocier un moi empirique, un Je transcendantal et un sujet absolu (Louis Lavelle, Manuel de méthodologie dialectique, p.31à 33.) Il faut reconnaître que la subjectivité a un aspect qui échappe à l'observation extérieure.

La fonction centrée sur le destinataire.

Il y a des actes de parole dont le destinataire est la cible directe. On veut obtenir d'eux une réaction précise et on leur insufflera même l'énergie nécessaire par la violence du ton.
Dans le roman d'un écrivain célèbre, vous rencontrez l'énoncé suivant: "Hommes du Québec, opposez-vous à l'impérialisme pancanadien!" Vous vous étonnez d'autant plus que vous n'êtes pas Québécois. Est-il logique, selon vous, de penser que le narrateur adresse son roman ________?
1 aux Québécois seulement
2 aux mâles adultes parmi les Québécois
3 aux membres du parti indépendantiste du Québec
4 (Autre chose)
Réaction 57


L'injonction connaît tous les degrés de l'atténuation, voire les détours de l'insinuation.
"La distance n'a plus d'importance" (Bell Canada). Dans cette phrase, la fonction qui prédomine est ______.
1 phatique
2 émotive
3 impressive
4 métalinguistique
Réaction 58


La fonction injonctive et ses degrés d'atténuation.
Tu sais, tu pourrais prendre un taxi...
1 Suggestion.
2 Incitation.
3 Idée.
4 Conseil.
La propriétaire du duplex rencontre l'apprenti joueur de cor anglais. Elle peut lui communiquer ses sentiments, disons, de trois façons. a) Vous déménagerez dès demain, s'il vous plaît. b) Soyez gentil. Déménagez... c) Hors d'ici! d) Je vous ordonne de déménager. Classez ces trois phrases par ordre croissant de fermeté.
1 a, b, d, c
2 d, c, a, b
3 b, d, a, c
4 b, a, d, c
Réaction 59


La fonction de situation.
«Dimanche, 7 juin. Pendant que j'écris ces lignes, c'est l'aube. Une femme passe dans la rue, ses talons résonnent.» La fonction énonciative de dimanche est ______.
1 émotive
2 prédicative
3 de situation
4 (Autre chose)
Réaction 60


La forme des énoncés à fonction de situation est nominale (affiches, pancartes, inscriptions sur des bâtiments). Marques: centrage, les capitales, l'absence de ponctuation délimitative (les limites sont le blanc de la page). Ex. J'arrive à Sainte-Anne. «Pavillon de prophylaxie mentale. Docteur Toulouse.» J'y suis. (A. Londres, Dante n'avait rien vu, p.182)
À la claire fontaine, M'en allant promener... (Début de À la claire fontaine) Le premier acte de parole a la fonction ______.
1 de situation
2 informative
3 narrative
4 esthétique (incipit)
LADY CAPULET --- Nourrice, où est ma fille? Appelle-la. Les fonctions énonciatives de ces quatre segments sont ________.
1 de contact, de situation, de contact et injonctive
2 de situation, de contact, injonctive et de contact
3 de situation, de contact, prédicative et injonctive
4 (Autre chose)
Réaction 61


Le courrier, les actes notariés, les listes de fichiers informatisés s'accompagnent des lieux et dates qui permettent de les situer. La forme est celle du nom propre, ou des chiffres du calendrier.

Une fonction «thétique»?

L'énoncé peut avoir des conséquences, des causes, un but secret, une conclusion implicite: une visée, en somme, et qui implique des jugements de valeur et des prises de position, comme on le verra au chapitre sur la problématique. Voyez-vous la visée argumentative ou la thèse implicite comme une des fonctions énonciatives? Est-ce assez important (pensez-vous) pour qu'on envisage de placer cela parmi les autres dimensions essentielles de l'acte de parole?
Réaction 62


Sous cette thèse (qui dans un travail académique serait à démontrer ou du moins à soutenir) prennent place (à voir les choses de plus près) des hypothèses, également vérifiables par l'observation ou le raisonnement, et toute la méthode des sciences se rangerait ici, du moins dans l'authenticité de ses origines, dans les officines universitaires. Au chapitre suivant se trouvent esquissées les manières logiques de traiter thèse ou hypothèses. Les mathématiques s'y ajouteraient de droit puisqu'il s'agit alors de traiter les quantités, les formes et les relations, non plus seulement les qualités à mesurer. Mais il ne s'agit ici que de découvrir d'éventuelles visées plus ou moins cachées. Par exemple, en faveur de qui (le bénéficiaire) a-t-on entrepris d'écrire; ou contre qui, ou pour obtenir quoi, ou simplement pourquoi (une raison).

Ainsi, on se demandera pourquoi Proust, au début de la Recherche, reprend trois fois le mot joue dans la même phrase: «J'appuyais tendrement mes joues contre les belles joues de l'oreiller, qui, pleines et fraîches, sont comme les joues de notre enfance». Un pronom ne suffirait pas à soutenir la pensée, la sensation, et le rapprochement, également inattendus.
«Chante, Rossignol, chante, toi qui as le coeur gai». Ces quatre actes de parole ont les fonctions : conative, de contact, conative et ______.
1 émotive (centrée sur le locuteur)
2 prédicative (sentiment ou idée)
3 conative (centrée sur l'interlocuteur)
4 thétique (implique une thèse, une intention)
Réaction 63


Tout ce qui est publicitaire relève de façon souvent peu discrète de la fonction thétique.

La fonction «poétique».

Elle attire l'attention de l'auditeur sur la forme du message, notamment sur la beauté du texte, ou sur le rythme, ou les sons (harmonie / cacophonie).
"Sous les ponts de Paris coule la Seine". Prédomine ici la fonction ______.
1 prédicative
2 poétique
3 émotive
4 métalinguistique
Réaction 64


La fonction «métalinguistique».

Elle se caractérise par les autonymies (mots qui ne visent plus leur référent, mais qui se représentent eux-mêmes comme mots).
Sûreté et sécurité sont des doublets provenant du même mot latin (securus). Le premier, le plus ancien, est la forme populaire; le second, terme savant calqué sur securitas, est attesté depuis le XIIe siècle. La fonction qui prédomine ici est ______.
1 référentielle
2 métalinguistique
3 émotive
4 (Autre chose)
Réaction 65


Des degrés dans l'énonciation.

Dans les Mille et une Nuits, on raconte que Shéhérazade raconte que tel personnage dit que (etc.) Il y a donc des récits emboîtés les uns dans les autres successivement, un peu comme un escalier avec des marches. C'est cela que l'on appelle les degrés de l'énonciation. Que deviennent le je, le tu, le contact, la situation, les intentions, etc. quand on change de degré? Toutes les fonctions énonciatives sont-elles à redéfinir dès qu'on change de degré?
Réaction 66


On peut analyser l'énonciation du personnage aussi bien que celle de l'auteur ou, à la limite, celle du lecteur. Il est évident, en effet, que le lecteur réel ne se réduit pas au lecteur imaginé au moment de l'écriture. Il est divers mais chaque lecteur est lui-même, il dit je, même s'il se fait dire tu. Il suffit qu'il se fasse une réflexion pour recevoir sa place de locuteur le plus récent en date, le plus actuel, et donc pour qu'un nouveau degré d'énonciation apparaisse, refoulant tous les autres à des niveaux plus éloignés donc plus élevés. Le je de l'auteur n'est plus, alors, le plus lointain degré de l'énonciation. Il demeure l'origine du texte, mais c'est aux yeux du lecteur, sans qui rien ne serait plus là, et qui mérite ainsi l'indice 1. Sans lui, l'auteur, passé au degré 2, irait se perdre dans la nuit des moments passés (la nuit des temps).

Ceci revient à dire que l'acte de parole fondamental, étant nécessairement celui de la personne réelle, est renouvelable. Il n'est donc, en fait, celui de l'écrivain, qu'au moment unique de l'écriture. On peut dire aussi qu'il est, à travers lui, celui de son personnage (quand il le fait parler) ou celui de quelqu'un que ferait parler à son tour son personnage... (Ils sont donc du 2e, 3e et 4e degré). En fait, le premier degré de l'acte (réel) c'est vous, lecteur, qui allez imaginer tout le reste, l'arracher à l'oubli et renuméroter les degrés en partant de votre présence : degré 1, vierge avenir multiplié du «texte».

Une analyse des fonctions énonciatives comme celle qui est entreprise ici fait-elle bien de tenir compte des degrés?
Réaction 67


Oui. Il convient de tenir compte des degrés et même de remonter au premier, à ce que l'analyse connaît du plus près : l'attitude, la situation et les motivations de ...l'analyste. (Et si l'on cherche des analogons en vue de comparaisons, on pourra en inventer, comme il a été mentionné au chapitre de la stylistique.) Tout repose sur l'avenir de l'oeuvre dans l'esprit de ses lecteurs! Il est vrai que, dans la critique comme dans les travaux universitaires, les intervenants, puisqu'ils doivent parler de la même chose, s'entendent pour s'effacer au profit du personnage imaginé, même si ce dernier se trouve à l'autre bout de la chaîne. On parle des personnages mais chacun en parle comme de soi plus que de tout autre chose.

Un énoncé peut donc superposer plusieurs énonciations implicites.
Vous aimez le refrain d'À la claire fontaine : «Il y a longtemps que je t'aime / Jamais je ne t'oublierai». Mais qui dit je, en réalité?
1 Le héros de l'action.
2 Le compositeur, qui le lui fait dire.
3 Le chanteur, qui le fait entendre.
4 Vous, en qui résonne ce refrain.
Vous recevez un message d'un inconnu, sur Internet, et cela commence ainsi: Mon ami ouvrit le tiroir de sa commode... «J'achetai ceci la première fois que nous allâmes à New-York»... J'aime penser que sa femme serait allée au restaurant chinois...
1 Ces lignes brodent sur une multiplicité de degrés d'énonciation mais la situation n'est pas claire.
2 Il y a un personnage locuteur donc deux degrés.
3 L'inconnu qui «aime penser» est au même degré que l'ami qui acheta.
4 Il y a trois degrés bien identifiables.
--- La position de Natacha est affreuse, affreuse! Le prince a tout à fait cessé de l'aimer. Il ignore lui-même qu'il ne l'aime plus, mais elle, elle le sait sûrement. Comme elle doit souffrir! --- Que pensez-vous faire, Katerina? Elle fondit soudain en larmes. (Dostoïevski)
1 L'énonciation est du degré 3 (le personnage raconte).
2 L'énonciation est entièrement implicite.
3 L'énonciation est explicitement du degré 2 (l'auteur comme narrateur).
4 Il y a deux degrés d'énonciation, mais implicites: le narrateur et ses personnages (2 et 3).
Réaction 68


Il y a normalement trois degrés d'énonciation dont deux implicites : le lecteur analyste (que nous connaissons intimement), le personnage (dont parle le texte) et, entre les deux, l'écrivain (mentionné dans le texte ou non mentionné). On distingue souvent aussi l'écrivain comme homme, connu biographiquement ou interviewé, et le narrateur, caché dans son récit. Au lieu d'en tirer des degrés supplémentaires, nous serions d'avis de voir là le degré 2 sous ses angles bien connus du trapèze sémantique, suivant que l'on va du texte au monde ou du monde au texte.

Résumé Le plus souvent, on a donc au degré 1 le lecteur, au degré 2 l'écrivain, au degré 3 le personnage (quand on le fait parler). Au degré 4, on aurait quelqu'un dont le personnage raconterait qu'il dit :«...»

Énonciation placée dans un énoncé.

L'énonciation est généralement implicite mais il arrive qu'elle soit énoncée. «Je dis que...» s'ajoute alors au début du texte.
Je reçois une lettre de ma fille Agnès. «Mis à part le fait que je suis encore plus débordée que d'habitude, tout va bien et rien ne change.»
1 Trois niveaux d'énonciation, tous implicites.
2 Un seul niveau, explicite, de degré 1.
3 Deux énonciations explicites, de degré 2 et 3.
4 Une explicite, degré 1 et une implicite, degré 2.
Réaction 69


Il y a des adverbes de phrase qui se rattachent à l'énonciation. Ex. À la question : Gèle-t-il? on répondra : --- Précisément -2 ou --- Précisément, -2. Sans virgule, précisément appartient à l'énoncé. Il modifie -2. Avec virgule, c'est un acte de parole distinct. Il répond à la question (et -2 est ajouté comme supplément d'information). Cet acte de parole indique que la question posée était bien posée, que c'est celle qu'il fallait poser, justement. Certains adverbes peuvent donc se rattacher à l'énonciation bien qu'ils prennent place dans l'énoncé. Ils sont appelés modalisateurs.
Nous remercions les autorités pakistanaises d'avoir facilité nos rencontres avec des fonctionnaires. ________ a mis une voiture à notre disposition.
1 Å titre d'exemple, le Ministère
2 Le Ministère, à titre d'exemple,
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Réaction 70


L'esprit critique.

Les applications de ce qui a été exposé jusqu'à présent (heuristique, sémantique et pragmatique) ne permettent pas encore de manier les concepts en vue de découvrir toutes leurs relations possibles. C'est ce qui fera l'objet des chapitres suivants (logique, problématique). Mais elles permettent déjà de prendre une vue plus précise des oeuvres et documents que nous pouvons utiliser. Nous réservons donc pour un avenir proche ce qu'on appelle l'esprit d'analyse et mettons en oeuvre dans les applications suivantes, particulièrement le compte-rendu critique, une approche moins subtile parce que plus globale, qu'on appelle l'esprit critique. La critique consiste à juger mais il s'agit surtout, d'abord, de prendre connaissance et de rendre compte exactement des contenus, tant de l'énoncé que de l'énonciation.

En un mot, il s'agit d'avoir bien lu, même si c'est négativement, en diagonale, et de savoir résumer ce qu'on a lu. Le moment est donc venu de parachever les lectures et de compléter son fichier de documentation.

APPLICATION 1. Analyse des actes de parole informatifs. Division en thème et prédicat.

Prendre un texte intéressant, dans ses fiches ou ailleurs, et repérer les assertions (actes de parole informatifs, délimités par des virgules, écrites ou orales). Souligner le thème (de quoi on parle) en jaune ou d'un trait, ou mettre en gras; le prédicat (ce qu'on en dit) en rose ou de deux traits, ou mettre en italiques. Quelques exemples.

1. Les dépresseurs de l'humeur comprennent tous les tranquillisants, dont l'action est caractérisée par la substitution à un régime pathétique d'un régime apathique. (Jean DELAY, Introd. à la médecine psychosomatique.)
Réaction 71


Corrigé.

Les dépresseurs de l'humeur comprennent tous les tranquillisants, dont l'action est caractérisée par la substitution à un régime pathétique d'un régime apathique.

2. Le monde marche vers une sorte d'américanisme, qui blesse nos idées raffinées, mais qui, une fois les crises de l'heure actuelle passées, pourra bien n'être pas plus mauvais que l'ancien régime pour l'affranchissement et le progrès de l'esprit humain. (RENAN, Souvenirs d'enfance, Préface, p. 13).
Réaction 72


Corrigé. Le monde marche vers une sorte d'américanisme, qui blesse nos idées raffinées, mais qui, une fois les crises de l'heure actuelle passées, pourra bien n'être pas plus mauvais que l'ancien régime pour l'affranchissement et le progrès de l'esprit humain.

On remarque que le 4e acte de parole est inséré dans le 3e. On observe aussi que pour les relatives et les qualifiants, le thème d'un acte de parole est souvent dans le prédicat de celui qui précède.

3. Pour qu'un parc zoologique réponde à son objet, c'est-à-dire pour qu'on puisse y voir du plus près possible des animaux calmes, on ne doit pas y exposer des animaux capturés dans la nature, car alors la distance de fuite de tels sujets serait maximale.
Réaction 73


Pour qu'un parc zoologique réponde à son objet, c'est-à-dire pour qu'on puisse y voir du plus près possible des animaux calmes, on ne doit pas y exposer des animaux capturés dans la nature, car alors la distance de fuite de tels sujets serait maximale.

Ici, à propos de ce qu'on doit faire pour qu'un parc zoologique réponde à son objet, on dit que ce n'est pas d'y exposer des animaux capturés dans la nature. On voit que le prédicat du complément antéposé devient partie intégrante du thème de la proposition principale. Cette façon d'analyser intègre toutes les parties de la phrase mais pour l'exprimer nettement, il faut réécrire la phrase.

APPLICATION 2. Le compte-rendu critique.

Que ce soit à propos d'une monographie scientifique, d'une œuvre littéraire, d'un film, d'une conférence, d'une exposition, quoi de plus utile que de savoir en faire un compte-rendu critique? Il introduira votre développement analytique avec objectivité, dans un mémoire ou une thèse. Il peut même faire l'objet d'une publication comme telle, si vous souhaitez en parler dans un journal, une revue. C'est la meilleure des portes d'entrée dans un comité de rédaction. Certes, ce genre littéraire a des propriétés à retenir pour le débutant dans la carrière des lettres. En l'exécutant proprement, il peut se bâtir progressivement une réputation. Il suffit d'envoyer ses productions d'abord à un journal étudiant (Quartier libre), puis à des quotidiens (le Devoir, Libération), à des revues, en choisissant les nouveautés les plus susceptibles d'intéresser les lecteurs du média auquel il s'adresse. Rares sont les publications qui n'insèrent pas volontiers un compte-rendu de lecture, s'il est vraiment critique sans être destructeur, pour peu que le sujet appartienne au domaine.

Voici donc les étapes d'exécution de ce genre littéraire des plus utile.

a. Identifier l'oeuvre, pas nécessairement d'emblée ni dans le titre mais à un emplacement naturel. (Joindre les détails dont le public a besoin: édition, lieu, date, prix, adresse, heures d'ouverture, téléphone. Ceux-ci peuvent prendre place en note ou à la fin).

b. Introduire de façon attrayante, mettant en lumière une idée directrice qui serait d'actualité, ou soulignant le nom de l'auteur (s'il est ou devrait être célèbre). S'adresser à son public cible en commençant par l'aspect le plus susceptible de retenir son attention. Travailler de ce point de vue le premier paragraphe mais aussi le titre (v.p.?) et la titraille (chapeau, sur-titre, sous-titre, sous-sous-titre).

c. Illustrer par un dessin, une photo, un cliché, avec une légende qui renvoie au texte.

d. Mentionner ce qu'il faut savoir de l'auteur: origine, oeuvres marquantes, succès, prix, distinctions, expérience, événements, engagement politique ou autre, caractère, style, goûts, vision du monde. (Réduire à l'essentiel suivant l'image qu'on veut valoriser.)

e. Développer surtout le contenu, dans ses parties successives et sa logique interne. Condenser sans intervenir par un éclairage personnel.

f. Proposer ensuite certaines de ses impressions quant à la signification de ce qui vient d'être décrit. Critique interne: Que veut l'auteur? A qui s'adresse-t-il? Comment a-t-il bâti son raisonnement (s'il y en a un)? Que valent ses arguments? A-t-il fourni des preuves? Sont-elles pertinentes? Suffisantes? Solides? Sait-il manier la langue? Sait-il faire voir sa pensée? Est-il explicite? Original?

Critique externe: Comment se situe-t-il par rapport à ses contemporains? A-t-il tenu compte des positions de ses adversaires? Connaît-il les oeuvres de ses prédécesseurs? A-t-il exploité toutes les données disponibles? Est-il cohérent avec lui-même dans ses oeuvres antérieures?

Il n'est pas nécessaire de répondre à toutes ces questions mais il faut se les être posées pour éviter de négliger ce qui serait le plus intéressant...

g. Conclure de manière à laisser une formule bien frappée dans l'esprit du lecteur, mettant en lumière ce qui fait la valeur du texte.
Réaction 74


APPLICATION 3. Conversation intime.

Déceler des fonctions énonciatives dans les textes (apparemment neutres) de sa documentation n'est guère évident (ni même utile, à première vue). Il faut pourtant s'y rendre sensible si l'on poursuit un but de rédaction communicatif. Commencez dans votre domaine. Le locuteur au premier degré vous est personnellement aussi proche que possible. Évoquer un public, un type de contact, des circonstances ne devrait pas être conventionnel pour peu que vous puissiez en faire l'aveu plutôt à un intime qu'au représentant de l'Institution éducative. En guise d'application, il est proposé ici de rédiger une page de conversation avec un ami ou une amie, de façon que les échanges verbaux reflètent la profondeur d'une relation interpersonnelle.
"Ce que j'ai vécu avec Mado, ça n'a rien à voir avec mon quotidien. Par exemple, ces matins-là, pour la première fois j'étais heureux, heureux rien que de préparer le petit déjeuner pour quelqu'un. Comprends-tu?" Ceci est un échantillon de véritable conversation parce que ________.
1 on s'adresse à quelqu'un d'autre
2 le contenu n'est pas spécifique (récit, sentiment, réflexion)
3 il y a un projet implicite et, quand il aura été dit, la conversation s'arrêtera
4 l'image du moi est mise en cause
Réaction 75


Bien entendu, le contenu de cette conversation à faire comme application doit rester dans le domaine de recherche. Il s'agira donc de faire converser sincèrement des personnes engagées dans ce domaine (par exemple vous). On veille à utiliser toutes les fonctions jakobsoniennes (et à les indiquer entre parenthèses). On cherche aussi, dans sa documentation, des jugements de valeur, des indications de mélioration ou de péjoration, qui permettront de donner des visées, des intentions, des espoirs, à ses personnages.

Pour le contenu, il s'agit d'abord du domaine qui est le vôtre. Vous allez exploiter les lectures achevées de la façon suivante. Trouver le meilleur des «antagonistes», celui des auteurs dont les intentions comportent le plus de jugements de valeur implicites (mots mélioratifs ou péjoratifs par exemple). Relever les valeurs ou idéologies en cause. Imaginer que vous vous adressez à lui pour vérifier si telle est bien sa pensée. Pour les procédés littéraires pertinents, voir le module sur les genres spontanés.
Réaction 76


APPLICATION 4. Correspondance.

Poursuivre son fichier en accumulant les indices de prises de position de tous les antagonistes. Faire des fiches synthèse pour les courants opposés, avec renvoi aux fiches citation relevant les connotations intéressantes. Tenter une définition des antagonistes par leur situation, leurs attaches politiques, leurs tendances intellectuelles. On poursuivra dans les modules suivants leurs arguments et leurs preuves (le fichier des lectures à faire devrait tirer à sa fin).

Le moment vient d'entreprendre la composition proprement dite --- pas la rédaction mais ce qui permettra de commencer à rédiger (quelque chose de très abstrait encore mais déjà sous forme de dissertation).

L'étape actuelle est le choix du sujet comme choix vraiment personnel. La démarche part cette fois de soi-même, avant toute formulation. Le moment est venu de se tâter. Quelle est notre réaction instinctive? Dans quel camp se ranger? Y a-t-il du pour et du contre? Nos hésitations, nos atermoiements sont à cultiver comme terrain (le plus sûr) de façonnement d'une synthèse personnelle éventuelle, d'un sujet original.

Quels sont, dans votre domaine, les antagonismes irréductibles?
Réaction 77


La lettre est un genre où l'on peut faire des développements sans être interrompu (comme le dit Jules Renard). Vous allez, par ce moyen, exposer à un des antagonistes (celui au plus près duquel vous aimeriez prendre place) vos raisons d'hésiter...

La lettre est un genre bien spécifique. Suffit-il de la définir comme fait le Grand Larousse Encyclopédique :«Écrit sur feuille de papier, adressé personnellement à quelqu'un et destiné à être mis sous enveloppe pour être envoyé par la poste»? Il y a des lettres qu'on laisse sur une table... D'où la définition du Robert :«Écrit que l'on adresse à quelqu'un pour lui communiquer ce qu'on ne peut ou ne veut lui dire oralement».

La pragmatique précise la définition en examinant les intervenants et leur environnement. Elle constate : 1. Que la correspondance est une partie de dialogue, la réponse étant différée. L'échange est marqué de cette présence absente de l'interlocuteur. La fonction de contact est inscrite dans le texte.

2. La lettre exhibe la situation de sa propre énonciation, notamment par le moyen d'une référence explicite à la personne, au temps et au lieu. La subjectivité de l'auteur y est indiquée. Il doit dire «je» et terminer par la signature: ancrage textuel du sujet et marque de la fin.

3. Le destinataire aussi est textuellement présent, dès la formule d'ouverture («Cher X») puis dans les formes pronominales («Je t'écris pour te dire...»). Il s'agit d'un individu précis et non pas d'un lecteur virtuel. Il est doté de compétences («Tu sais sûrement que...»). L'enveloppe vise à sauvegarder l'unicité du destinataire.

4. La lettre peut comporter des références au temps et au lieu du destinataire («Tu liras cette lettre...» ou «Tu es en train de lire ces lignes et tu penses...»). L'assomption de la distance produit la coprésence d'un temps double et d'un double lieu de référence, temps et lieu du destinateur et temps et lieu du destinataire.

5. La distance temporelle et spatiale des interlocuteurs est un élément auquel le discours épistolaire se réfère explicitement. L'on s'écrit parce qu'on est éloigné et parfois on écrit le fait d'être éloignés, comme dans les lettres de voyage et les lettres d'amour.

Il y a des lettres allusives, intimes, où l'on partage des souvenirs, et le monde y est vu de l'intérieur. Il y a au contraire des lettres en extériorité, au ton officiel ou neutre. Pour l'exercice, mieux vaut parler pour soi-même et s'adresser à un interlocuteur proche de soi, ce qui favorise la confidence, voire les remises en question «sincères».

Voici donc un cadre. Vous y mettez vos sentiments actuels concernant les points litigieux de votre domaine. Ainsi allez-vous ébaucher progressivement un sujet qui soit tout à fait le vôtre.

Réaction 78


Ainsi la pragmatique mène-t-elle à la dissertation.

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